Drôle de chose. Pas vraiment
un film. Sous des apparences de faux documentaire mi-social, mi-évènementiel,
Neill Blomkamp a concocté une série B un peu gonflée
mais pas tant que ça. Carpenter n’aura sans doute pas
renié ce genre de bizarrerie assez laide visuellement, où
les effets spéciaux sommaires font parfois sourire. Les trous
dans le scénario, le récit plutôt distendu, le
montage paresseux, les dialogues basiques donnent une curieuse impression
d’un manque de moyens au regard de l’ambition affichée.
Comme si, en chemin, le projet s’était un peu étiolé.
Il reste de cette étrangeté un (mince) aspect politique,
dénonçant l’apartheid (l’action se situe
en Afrique du Sud) parfois lourdement, parfois de façon décalée
; la vision assez réussie du vaisseau fatigué en errance
immobile au-dessus de la ville ; la volonté de banaliser l’extra-terrestre,
sorte d’étranger parmi d’autres, ce qui donne à
l'ensemble un aspect presque réaliste…
De façon insidieuse, le cinéma grand public se nourrit
peu à peu de la mode du documentaire presque fictionnel, comme
les nombreux pseudo-pamphlets plus ou moins écolos sortis récemment.
On voit aussi dans ce type de production l’influence d’Internet,
où tout est mêlé sans distinction, images d’archives
réelles ou trafiquées, donnant un aspect faussement
dense, pour finalement n’être qu’une histoire de
SF pas si originale que ça. C’est bien la forme qui est
plus intéressante que le fond, révélatrice de
notre époque pas très reluisante du point de vue des
valeurs humaines et que l’on recouvre d’un fatras prétendument
complexe…