Soit trois coupes
du Monde de foot vues du Mexique, trois périodes où
flics et voyous relâchent leur attention, où tout semble
possible, parce que tous les hommes (ou presque) sont rivés
à leur télé. Trois histoires sont déclinées
à quatre ans d'intervalle, des histoires tragiques d'enlèvement
(Mexique oblige) mais aussi d'engagement, de trahison, d'attachement
et de haine…
Les trois récits s'entremêlent, se répondent,
se ressemblent jusqu'à la confusion… N'est pas Inarritu
qui veut, cependant il y a dans ces "jours de grâce"
beaucoup d'ambition, une dimension créative évidente,
le réalisateur ne se contente pas, loin de là, de dérouler
ses histoires, il apporte sa touche très personnelle, donnant
à l'ensemble une couleur sombre, un rythme trépidant,
une exacerbation des sensations et des sentiments. Mais cette somme
d'éléments supposés bénéfiques
pour la réussite du film finissent par s'annuler les uns les
autres. A vouloir tout traiter sur le même ton, les nuances
et les contrastes s'effacent, on ressent parfois une grande vacuité
dans cette agitation. Pourtant l'aspect fataliste, comme si les trois
récits n'étaient qu'un éternel recommencement,
pourrait donner lieu à un poème certes désespérant,
mais à la beauté brutale et crépusculaire. La
fascination du réalisateur pour la violence gratuite et le
manque d'instant de contemplation empêchent le film de prendre
son envol. Vraiment, n'est pas Inarritu qui veut…