Gilles Béat, c’est
sûr, ça dit quelque chose pour le cinéphile de
plus de quarante ans. Et revenu chez soi, en quelques clics de souris,
on a la solution, Gilles Béat, c’est Gilles Béhat,
le réalisateur de Rue Barbare qui date de 1984, avec un Bernard
Giraudeau super musclé et pas content du tout. Si on avait
su…
Ici, c’est Depardieu qui globalement n’est pas très
content. Comme il est nettement plus enveloppé que le Giraudeau
des années 80 et qu’on ne peut plus décemment
montrer ses muscles noyés sous la graisse, il utilise beaucoup
son pistolet, ou son revolver, bref son machin qui tire.
Gilles Béat (ou Béhat) n’a pas fait un remake
de Rue Barbare, il a juste adapté au goût du jour son
univers de grosse baston romantique : d’un aspect très
coloré pour les années 80, il est passé à
une quasi absence de lumière, et si l’on compare le scénario
très linéaire et parfaitement lisible du nanar de 84
avec celui de Diamant 13, on ne peut qu’être consterné
par la mouvance actuelle des polars : moins le spectateur comprendra
les tenants et les aboutissants des actions des personnages, plus
le film sera à la mode.
Pour couronner le tout, l’histoire ne se passe pas dans une
ville réelle : les décors, les plaques d’immatriculation,
les affichages évoquent une ville portuaire non déterminée,
pas assez onirique pour atteindre l’aspect poétique d’un
Beineix (la lune dans le caniveau), mais avec tout de même beaucoup
d’éléments matériels montrant qu’on
a voulu situer l’action en dehors d’un temps et d’un
espace déterminés. Du coup, c’est toute l’histoire
qui perd de sa crédibilité. Rue Barbare était
d’une grande pauvreté artistique, mais au fil des années
a gagné quelques admirateurs, sans doute nostalgiques de l’esthétique
clinquante de l’époque. Qu’en sera-t-il de ce Diamant
13 ? Son côté très sombre et vaguement mystérieux
pourra peut-être séduire quelques spectateurs indulgents…