Ce deuxième souffle, qui
aurait mérité d'être aussi le dernier, tant
son remake
de 2007 était peu convaincant, est une sorte de
monument que l'on admire avec respect et avec toute l'indulgence
que l'on doit aux vieilles choses… Le phrasé des acteurs,
le rythme, le montage, la post-synchro, les scènes d'action…
sont autant de marqueurs d'une époque révolue. Mais
le film fait encore de l'effet, moins par son scénario et
ses personnages, archétypes du film noir, que par son aspect
formel parfois au bord de l'abstraction, son noir et blanc hyper
contrasté, la qualité littéraire de ses dialogues,
ses jeux de regards lourds de sens comme dans une mise en scène
théâtralisée, la simplicité de ses décors
: tout est étudié pour élever ce qui ne pourrait
être qu'un polar de plus au rang de tragédie intemporelle.
Les acteurs sont au petit poil, et moins ils en font, plus ils sont
marquants. Ainsi, Meurisse en commissaire est un peu trop brillant,
presque cabotin, tandis que Ventura, Constantin et Christine Fabréga
composent des silhouettes massives, impressionnantes de sobriété,
en parfaite adéquation avec l'impression minérale
qui se dégage de l'ensemble : une sorte de composition en
marbre qui parfois peut faire sourire par son hiératisme
mais garde de bout en bout une très grande classe, une dignité
éternelle.