C'est long. Deux heures trente
d'un mélange d'images d'archives, de reconstitutions et d'interviews
autour de l'assassinat de l'homme des accords de paix avec les Palestiniens,
cela pourrait être passionnant et au final, c'est…long.
La coexistence des prises de vue réelles et des séquences
tournées avec des comédiens fonctionne parfois, mais
seulement parfois. Il y a de véritables choix de "mise
en scène", quelque chose d'un peu théâtral,
un dispositif un peu systématique pour montrer le travail
de la commission d'enquête, entièrement reconstitué
avec des acteurs (dont Tomer Sisley, un peu étrange de voir
arriver celui qui incarne par ailleurs Largo Winch…). Ces
choix sont courageux, risqués, mais pas toujours efficaces.
Il y a certes des aspects intéressants dans la démonstration
d'Amos Gitaï, comme le fait d'expliquer que l'enquête
n'a pu porter que sur la sécurité et ses responsables
(débat un peu stérile entre les services de renseignement
et la police, se rejetant les erreurs et les approximations) et
que la commission chargée de cette dite enquête a l'air
de regretter de n'avoir pas pu creuser tout ce qui a amené
cette ambiance délétère, diffamatoire, et qui
fut le creuset , la caution des extrémistes qui ont commis
l'assassinat. Acte d'un homme seul, ou complot de rabbins radicaux,
Gitaï ne tranche pas, n'ayant pas suffisamment d'éléments,
mais il pose clairement la question du contexte politique de l'époque,
dénonçant les discours haineux des dirigeants du Likoud,
comme Netanyahou.
Cette position nécessitait-elle une telle longueur ? Fallait-il
passer trois quarts d'heure à semer le doute sur les dispositions
de sécurité qui visiblement, n'ont pas été
correctement organisées, par manque de temps, ou de volonté
? Et si oui, pourquoi tout cela, au bout du compte, engendre plus
d'ennui que d'intérêt ?
C'est un film probablement important pour une grande partie des
Israéliens, et pour tous ceux qui se sentent concernés
par l'aberration géo-politique de cette partie du Monde,
mais qui manque son but, en se perdant en route sur des choix de
fabrication qui ne semblent pas pertinents, à la fois sur
le temps consacré aux différents aspects de l'enquête,
et sur la forme qui ne choisit pas entre le documentaire et la fiction.