Comment concilier des instants
de contemplation poétique typiquement japonais avec une sorte
de commedia dell’arte à grand renfort de grimaces, yeux
écarquillés, gestuelle clownesque ? Dans un manga, on
peut le comprendre, cela fait partie des codes du genre. Au cinéma,
c’est plus difficile. Les premiers instants du film sont saisissants,
avec la découverte de rites funéraires d’une beauté
sèche et digne, immergeant le spectateur dans un univers extrêmement
délicat, tendu, douloureux. Et au cœur même de cet
instant suspendu, arrive une sorte de gag incongru, brisant d’un
coup la douceur enveloppante… Cela pourrait surprendre positivement,
créer un contraste réjouissant, faire basculer le film
dans une autre dimension. Mais rien de tout cela ne découle
de cette énormité. Et durant toute la projection, on
est renvoyé sans cesse entre ces deux options, la fascination
morbide face à l’impressionnante mise en scène
des mises en bières d’une part, et la lourdeur de quelques
instants se voulant drôles, parsemant l’ensemble comme
des cotillons sur une tombe. Plus on avance dans le récit,
plus l’aspect mélo l’emporte, abandonnant du coup
la sècheresse du début, et mettant en sourdine les interventions
humoristiques. L’ensemble passe mieux, mais s’affadit.
Difficile de comprendre comment cet assemblage dissonant a pu rafler
l’oscar du meilleur film étranger…