Demolition

Jean-Marc Vallée

L'histoire

Banquier d'affaires ayant brillamment réussi, Davis n'est plus le même depuis que sa femme est décédée dans un tragique accident de voiture. Malgré son beau-père qui le pousse à se ressaisir, il se met à tout démonter.

Avec

Jake Gyllenhaal, Naomi Watts, Chris Cooper, Judah Lewis, Polly Draper, Heather Lind

Sorti

le 6 avril 2016


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Désunir, défaire, détruire… et ensuite ?

 

Pour tout reconstruire, il ne suffit pas d'ouvrir les bras, il faut passer par le chaos. Tout détruire, et pas seulement par images : on peut se servir de petits tournevis mais aussi de grosse masse, de marteau-piqueur, de bulldozer et autres armes de destruction massive (quelques esprits lucides se diront qu'il n'y a que les riches qui peuvent se permettre d'abattre leur maison. Ils ont raison, ces esprits lucides…). Alors, une fois que tout est par terre, les larmes coulent, et on prend conscience de la perte, du manque et des superflus. Le thème de la reconstruction après un tremblement de soi est assez classique, maintes fois traité au cinéma, avec plus ou moins de bonheur. Le scénario de cette démolition-là explore à fond les possibilités offertes par ce type de passage obligé dans une vie qui s'est égarée. On applaudit pendant la quasi totalité du récit et malheureusement les cinq dernières minutes recadrent tout le monde, en donnant dans le sentimentalement correct. Cet optimisme final un peu béat n'est pas à la hauteur de la vaste entreprise de remise en cause d'une vie entière, il affadit très sérieusement l'ensemble.
Pourtant, la mise en scène tire le film vers le haut, pleine d'inventivité, de rythme, de surprises, avec une belle utilisation des musiques, des cadrages qui dérangent et démangent les yeux, un montage nerveux, contrasté, super efficace. Même les rapports entre les personnages ne sont pas attendus, ils parviennent à surprendre, à questionner, à réjouir : non, il ne s'agit pas d'une bête comédie romantique !
Tout tendrait donc vers le grand beau film, s'il n'y avait cette fin sirupeuse et bien trop souriante.

Vos commentaires pour ce film

Un film exceptionnel, cela faisait longtemps que je n'en avais pas vu d'une si grande qualité.
Un film servi par un jeu d'acteur très juste, Jake Gyllenhaal et Naomi Watts en tête, à la fois sobres et disjonctés, mais aussi le jeune garçon qui a une présence étonnante.
Le réalisateur, Jean-Marc Vallée (celui de C.R.A.Z.Y. , Dallas Buyers Club et Wild) sait faire sentir les contradictions humaines sans les explications lourdes qu'on peut voir dans d'autres films.
Ici on parle de deuil, d'amour, d'identité, de transmission, de différence, de démolition, de reconstruction, d'éducation et de l'attention qu'on porte à la vie. Ce n'est pas larmoyant même si j'ai écrasé plusieurs larmes. La bande son, excellente, mêle le classique, le jazz, le rock et la bohème (celle de Charles A.).
C'est un film un peu déroutant mais qui vaut le détour.


Isabelle E.C, le 24 avril 2016

 

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