Pour tout reconstruire, il ne
suffit pas d'ouvrir les bras, il faut passer par le chaos. Tout
détruire, et pas seulement par images : on peut se servir
de petits tournevis mais aussi de grosse masse, de marteau-piqueur,
de bulldozer et autres armes de destruction massive (quelques esprits
lucides se diront qu'il n'y a que les riches qui peuvent se permettre
d'abattre leur maison. Ils ont raison, ces esprits lucides…).
Alors, une fois que tout est par terre, les larmes coulent, et on
prend conscience de la perte, du manque et des superflus. Le thème
de la reconstruction après un tremblement de soi est assez
classique, maintes fois traité au cinéma, avec plus
ou moins de bonheur. Le scénario de cette démolition-là
explore à fond les possibilités offertes par ce type
de passage obligé dans une vie qui s'est égarée.
On applaudit pendant la quasi totalité du récit et
malheureusement les cinq dernières minutes recadrent tout
le monde, en donnant dans le sentimentalement correct. Cet optimisme
final un peu béat n'est pas à la hauteur de la vaste
entreprise de remise en cause d'une vie entière, il affadit
très sérieusement l'ensemble.
Pourtant, la mise en scène tire le film vers le haut, pleine
d'inventivité, de rythme, de surprises, avec une belle utilisation
des musiques, des cadrages qui dérangent et démangent
les yeux, un montage nerveux, contrasté, super efficace.
Même les rapports entre les personnages ne sont pas attendus,
ils parviennent à surprendre, à questionner, à
réjouir : non, il ne s'agit pas d'une bête comédie
romantique !
Tout tendrait donc vers le grand beau film, s'il n'y avait cette
fin sirupeuse et bien trop souriante.