Incontestablement, le réalisateur
est un petit génie de l’image, du cadrage, de la composition
: tous les plans de ce film ressemblent à des tableaux, incroyablement
beaux. Pour ce qui est de l’histoire, du rythme, des dialogues,
le génie s’efface et c’est l’absence qui
l’emporte… On devine les relations familiales entre les
personnages, on esquisse quelques hypothèses sur les raisons
qui ont poussé un jeune homme à revenir dans un village
improbable et comme coupé du monde, la mort du père,
peut-être, comme il est dit dans le synopsis à l’entrée
du cinéma, mais rien ne vient le confirmer… On peut être
gêné par tous les non dits, par les ellipses, par les
invraisemblances ; on peut aussi être séduit par l’ambiance
étrange générée par l’alliance des
images et de la musique, rare mais extrêmement forte du point
de vue de l’effet qu’elle procure, comme lors d’une
très impressionnante procession mortuaire en barque. Certaines
scènes restent en mémoire longtemps après la
fin de la projection, par leur beauté formelle, mais aussi
par l’interprétation que l’on peut en faire. Les
deux jeunes acteurs, lui avec des faux airs de Guillaume Depardieu,
elle avec les mêmes vêtements d’un bout à
l’autre du film (étrange pour quelqu’un qui fait
si souvent la lessive…) participent au magnétisme de
l’ensemble qui aurait sans doute mérité un récit
plus solide.