Le film est en reprise dans quelques
salles en France (pas qu’à Paris, à Toulouse aussi,
et ensuite ailleurs) avec des copies neuves. Au bout de quelques minutes,
on écarquille les yeux, ça, un film de Paul Newman ?
Sans le savoir, on dirait plutôt Cassavetes, ou bien une femme,
tant les personnages masculins sont absents, mais certainement pas
Paul Newman ! Et pourtant si, le bel acteur avait aussi de la sensibilité,
de l’intelligence de cœur, un sacré talent d’observation
des relations humaines. Il a été en cela bien aidé
par sa femme, Joanne Woodward, qui fait des miracles pour incarner
une femme libre, plus réelle que nature, très ironique
sur elle-même, d’une énergie formidable, capable
d’amour pour ses filles et d’une maladresse relationnelle
hallucinante…
C’est un film des années 70, et devant ces images on
a une impression de grande liberté vis à vis des codes,
avec une volonté d’aller en profondeur dans la vérité
des échanges. On se dit que malheureusement, on a un peu perdu
cette liberté de ton. Toutes les œuvres actuelles (dix
ans de vingt-et-unième siècle, déjà),
ou presque, peuvent être classées par familles, selon
les influences, les moyens d’expression choisis.
Devant cet objet filmique pas vraiment identifié, on ressent
des émotions, ne venant en aucun cas de la forme (ou si peu),
mais provoquées par les personnages, leurs actions, leurs paroles,
ainsi que la façon de les montrer : le regard du cinéaste
n’est absolument pas neutre, il prend position, et pourtant
sans juger.
Une belle œuvre, dont le titre anglais est encore plus beau :
les marguerites sont des "Man-in-the-Moon Marigolds".