Il y a les films catastrophes
purs, type tour infernale, où des quidams bien représentatifs
de la société américaine (vous en connaissez
beaucoup, vous, des films catastrophes non-américains ?)
tentent de sauver leur peau en faisant preuve de bravoure ou de
lâcheté. Il y a les films catastrophes qui essayent
de mettre en garde l'opinion publique sur un danger écologique
de plus en plus menaçant ("le jour d'après",
par exemple) avec au passage encore plus d'effets spéciaux
et de destructions massives. Et puis il y a ce Speedwater, "d'après
une histoire vraie". Ah, pardon, d'après "l'incroyable"
histoire vraie d'une plateforme pétrolière qui explose.
Il faut bien vendre le produit. Ici, le héros n'est pas un
ancien flic alcoolique parce qu'il a perdu la garde de ses enfants
après un divorce douloureux et qui retrouvera sa femme tout
à la fin, non, c'est juste un électricien bien dans
sa peau, bien dans son couple, un p'tit gars bien américain,
modeste et courageux, comme il doit y en avoir à la pelle.
Avec lui, un capitaine, un homme charismatique, soucieux de la sécurité
de ses hommes, valeureux, un héritier des bons shérifs
dans les westerns avec John Wayne. Une fille, aussi, qui bosse comme
un homme et d'ailleurs elle est folle de vieilles bagnoles. Et non,
pas d'histoire amoureuse entre elle et l'électricien. Il
faut dire que ce dernier a une femme qui l'attend à la maison,
elle est charmante, aimante et a du caractère. Et puis plein
de gars qui ont chacun leur spécialité et leur rôle
sur la plateforme. L'organisation du travail est décrite
en détails et si beaucoup d'éléments sont intéressants,
l'ensemble reste confus pour qui n'est pas au fait de l'exploitation
pétrolière, les "boues", la pression négative,
les machins qui tournent, montent, se bloquent, résistent
et puis finissent par céder… Tout est dans la tension
grandissante et même si l'engrenage fatal qui conduit à
la catastrophe reste un peu mystérieux, on saisit tout de
même qu'il s'agit d'une histoire de fric (money money money,
comme chantent quelques ouvriers sur la plateforme) et que l'entreprise
BP est clairement désignée coupable, représentée
dans le film par un John Malkovich formidable en gros méchant
obstiné.
La première partie (avant l'explosion) peut paraître
longue à certains, elle est indispensable pour tendre au
maximum le récit et plutôt pas trop mal fabriquée.
La deuxième partie très pyrotechnique, très
spectaculaire, est encore plus confuse que la première, ça
pète de partout, c'est plutôt répétitif,
on se demande comment, avec toutes ces flammes, ces jets de morceaux
de ferraille, les héros ne sont pas plus blessés qu'il
ne le sont.
Et puis à la fin, on les voit prier tous ensemble, et il
est dit que certains d'entre eux sont morts, que beaucoup d'entre
les rescapés ne sont pas retournés sur ce type d'embarcation…
Les conséquences (la pire marée noire de l'histoire
américaine) sont évoquées en une ligne en pré
générique.
Bien sûr, tout cela est très prenant, il faut dire
qu'on est tellement assommé par le bruit et les images d'explosion
qu'il serait bien compliqué de rester insensible… mais
on reste légèrement dubitatif devant cette absence
de réflexion sur la toute puissance du dieu pétrole,
adulé aux Etats-Unis, mais condamné, à terme,
à disparaître…