L'Amour et ses
blessures, avec ou sans guérison, qui ne les a pas éprouvées
au moins une fois dans sa vie ? Aimer sans retour, aimer plus que
l'autre, perdre le goût de l'existence parce que l'être
aimé vous ignore.. tous ces sentiments passionnés sont
étalés sans pudeur et devraient en toute logique faire
pleurer le spectateur… Tragique et romantique, l'histoire montre
comment une femme a quitté son mari pour vivre un amour déséquilibré
avec un homme égoïste.
Le mari abandonné est encore très amoureux, la façon
dont il est décrit n'en fait pas un monstre, ni un benêt…
juste quelqu'un de délicat, capable d'attentions magnifiques.
L'amant égocentrique ne regarde pas que son nombril, il est
sincèrement épris mais peut oublier une date d'anniversaire.
Quant à la femme, la passion qui s'exerce sur elle ne la prive
pas de toute raison et ses renoncements ne sont pas des enterrements.
Il y aurait donc tous les éléments pour faire de ce
film le récit magnifique et néanmoins crédible
d'amours contrariées.
L'aspect suranné, compassé et théâtralisé
de la mise en scène vient ruiner tous les espoirs donnés
par le scénario. Les décors et les costumes en rajoutent
inutilement dans le terne, dans la mélancolie. Le parti pris
de prise de vues, tout en flou surexposé, donne mal aux yeux
et fatigue au bout de deux minutes. Le jeu d'acteurs, légèrement
outré mais pas trop, ne fait pas croire en leurs personnages.
Le récit qui bouscule la chronologie entremêle plutôt
intelligemment les différentes étapes de la relation
amoureuse, mais c'est presque trop étudié, la forme
prime sur le fond, et finalement on apprécie plus les transitions
que la description des sentiments.
Il en ressort une grande froideur, en opposition avec le sujet. Le
traitement, terriblement lourd, a étouffé l'histoire,
simple, qui n'en demandait pas tant.