Le super héros est très
américain, en général. Il sauve le Monde ou
juste l'Amérique, ce qui, pour la majorité des spectateurs
américains, est sensiblement la même chose. Batman,
Superman, Spiderman, Ironman sont les plus connus mais il en existe
toute une flopée, autant que les dieux de l'Olympe. Que dis-je,
autant ? Bien plus, oui ! Si bien qu'on s'y perd, entre les X-men,
les quatre fantastiques et tous les gugusses en collant lycra qui
volent, se transforment, cassent des voitures ou des immeubles quand
ils sont énervés, lâchent de temps à
autre une petite blagounette ou roulent un palot à une quelconque
bombasse et au bout du compte, rendent le monde meilleur. On en
fait des tonnes de ces énergumènes pleins de valeurs,
on leur cherche des origines au sein des mythes ancestraux, on les
considère comme faisant partie des fondements de la culture
américaine, et donc mondiale. Comment lutter ? C'est sûr,
c'est super fun d'aller voir au cinéma Marvelousman contre
Daesh, de se taper un hamburger en sortant du film et avant même
de rentrer chez soi, de poster un billet dithyrambique sur tweeter
ou facebook, à l'aide de son super iphone. C'est bien plus
fun que de s'ennuyer dans un cinoche aux fauteuils défoncés
devant une adaptation poussive de la princesse de Clèves,
puis de s'enfiler une soupe aux topinambours et un magret de canard
aux airelles et d'attendre le lendemain pour passer devant une antique
boîte aux lettres pour y déposer un courrier vantant
les mérites de ce qu'on a vu la veille. Mais je m'égare.
Deadpool est issu de l'univers Marvel, c'est donc un personnage
costumé indestructible possédant des super-pouvoirs.
Mais il ne cherche pas à sauver le Monde, juste à
se refaire le portrait qu'on lui a salement amoché pour être
à nouveau présentable aux yeux de sa dulcinée.
Un peu court, comme programme. Pour y parvenir, il doit retrouver
le vilain bonhomme qui l'a transformé puisqu'il lui a affirmé
qu'il était le seul à pouvoir lui redonner figure
humaine. Plusieurs milliers de blessés plus tard, quelques
dizaines de morts et des milliards de dollars de dégâts,
il le retrouve enfin, et… non, je ne vous dirai pas ce qu'il
se passe, parce que de toutes façons, de l'histoire à
proprement dite, tout le monde s'en contrefiche. L'intérêt
de Deadpool, c'est son humour noir, très noir, son caractère
carrément outrancier. Il est trash, très porté
sur le sexe, totalement barré, ne se refusant aucune offense
au bon goût. Avant d'être (très) abimé
et pas encore pourvu de pouvoirs surnaturels, il était déjà
particulièrement déjanté. Avec la transformation,
il est très agacé, et toute sa folie est décuplée.
C'est donc très drôle, iconoclaste, et joyeusement
politiquement incorrect ? Oui, sans doute. Les dialogues et la mise
en scène privilégient un rythme effréné,
bourré de références à une culture américaine
qui, je dois l'avouer, m'échappent à plus de 50 %.
Lorsqu'il est possible de s'accrocher à quelque chose de
connu, c'est effectivement assez énorme, et l'on se dit qu'il
est bien dommage de ne pas capter tout le reste. Du coup, on peut
se retrouver face à un spectacle haut en couleurs mais très
premier degré (dégommage de méchants en série)
et ne pas vraiment profiter de tout le second degré que l'on
ne fait que percevoir.