Quand vous rentrez chez vous
après un tel film, vous n'avez qu'une envie, aller jeter
vos poêles en téflon à la poubelle. Et acheter
de l'eau en bouteille (quoique, les bouteilles, c'est bien du plastique,
non ?). Et pardon, mais l'eau en bouteille, vous pouvez être
amené à la regarder avec suspicion, parce que même
les filtres naturels ne peuvent probablement pas éliminer
toutes les saloperies chimiques que l'industrie chimique déverse
à peu près partout dans le Monde.
Dark Waters, c'est le énième film américain
de David contre Goliath, une version masculine de Erin Brockovich,
une nouvelle preuve que le cinéma, aux US, est un véritable
contre-pouvoir, que la liberté d'expression de cet art n'est
pas prête de s'éteindre.
Dark Waters, c'est aussi la démonstration que nous
sommes nos propres fossoyeurs, à détruire avec abnégation
les richesses naturelles pour l'appât du gain, pour s'en mettre
plein les pognes.
Dark Waters, c'est la constatation que dans ce monde, si
vous n'êtes pas juriste, vous n'avez pas énormément
de chance de prouver que les entreprises qui vous abreuvent de messages
hyper consensuels sur le bien être de l'homme en ce monde
ne sont, finalement, que des pompes à fric et des destructrices
à grande échelle de ce même monde.
Dark Waters, enfin, c'est un nouveau maillon de la chaîne
de bonne conscience d'une Amérique qui s'auto-flagelle, qui
dit au Monde : regardez-nous, nous sommes des ordures, nous sommes
le mal ! Mais comme nous le disons, Dieu nous pardonne, nous restons
les maîtres, et nous pouvons continuer, personne ne nous empêchera
de foutre la merde partout où nous sommes, et même
ailleurs. Il y a quelque chose de vain, en effet, dans ce type de
film. Comme si l'industrie cinématographique faisait une
partie de son beurre avec ces histoires scandaleuses, que rien ne
changeait au bout du compte, et qu'en étant l'évangéliste
désolé des dérives de la société
de consommation et de son organisation capitaliste, elle les excusait,
d'une certaine manière. Parce que ce type de films, au final,
est tout à fait attendu. Vous en sortez écœuré,
un peu malade, et puis aussi admiratif à juste titre de l'acteur
(c'est qui, déjà, ce type, ah oui, Mark Ruffalo…),
quelques jours plus tard, vous avez oublié le nom de la substance
nocive présente dans le sang de 99 % de la population mondiale,
et dans quelques semaines, quelques mois, seule la performance de
l'acteur (c'est qui, déjà, on ne sait plus, un type
qu'on voit souvent, pourtant…) restera en mémoire.
Un Oscar éventuellement, pour que tout Hollywood s'agace
publiquement encore un peu de ce scandale sanitaire, et puis c'est
tout. On passe à autre chose. L'Amérique survivra.
Malheureusement ?