Les super-héros ne font
même plus partie des légendes, ils sont une partie de
la réalité américaine, virtuelle ou non. On peut
y voir une parabole de la civilisation, de la vie politique, de la
mentalité outre-atlantique. Des spécialistes sont capables
de disserter quelques heures sur les caractéristiques de tel
ou tel surhomme. Pardon, mais Spiderman, Superman, Ironman ou ici
Batman, peuvent être aussi particulièrement répétitifs,
se ressemblant tous plus ou moins, sortes de Zorro améliorés
qui passent leur temps à cacher leur double personnalité,
à être amoureux de jeunes femmes très jolies qu’ils
ne peuvent pas aimer à temps plein, à défendre
le Monde et à se poser toujours les mêmes questions existentielles
à deux balles sur leur mission. Christian Bale a beau faire,
son Batman n’a aucun charisme, et le premier degré du
récit en fait un élément du décor, qui
ne surprend personne, très ennuyeux en réalité.
Ses ailes de chauve-souris, sa moto aux pneus de tracteur, son masque
de carnaval, tout cela est puissamment et tristement ridicule. Le
véritable héros du film, c’est bien sûr
le Joker, un authentique méchant, qu’Heath Ledger est
parvenu à renouveler, après la performance de Nicholson.
Le Joker est l’unique intérêt du film, il n’a
aucun super-pouvoir, et ne parvient à faire du mal qu’avec
sa perversité, la puissance de ses mots et sa folie formidablement
humaine. C’est lui qui fascine, qui relance le récit,
qui prend toutes les décisions. Lorsqu’il est absent
de l’image, on s’ennuie fermement, ce qui fait de ce Dark
Knight un chevalier bien pâle.
