La dame de trèfle

Jérôme Bonnell

L'histoire

Depuis toujours, Aurélien vit avec sa soeur. Etrange cohabitation, assumée par tous deux. Le jour il est fleuriste, la nuit il recèle du métal volé. Un engrenage le poussera à commettre l'irréparable...

Avec

Malik Zidi, Florence Loiret-Caille, Jean-Pierre Darroussin, Marc Barbé, Nathalie Boutefeu, Marc Citti

Sorti

le 13 janvier 2010

Perdre ses atouts

L’un des hommes qui l’entourent, admirateur, certes, mais lucide, dit d’elle "ta sœur, c’est une princesse", en parlant du personnage joué par Florence Loiret-Caille. Il faut la voir et la regarder à deux fois pour s’en assurer. Pas vraiment belle, parfois vulgaire, irritante, manquant d’ambition, alcoolique, impudique, immature… On pourrait continuer la liste des traits de caractère repoussants, peine perdue, elle a parfois, dans un regard perdu, dans un geste tendre, une grâce infinie… et c’est en cela qu’elle est une princesse, une dame de trèfle, pas dame de cœur, non, loin de là, absolument pas romantique et considérant l’amour comme une drôle de chose. Pas dame de pique non plus, trop vivante, trop joyeuse, exubérante.
Son portrait aurait sans doute suffi à monter un film, mais Bonnell lui a opposé (en douceur) un frère, fragile en apparence, peu bavard, protecteur farouche sous un aspect détaché, joué avec intensité par Malik Zidi. Au moment où l’on découvre ce drôle de couple, le frère est embarqué dans une histoire de vol qui a mal tourné, de recel, dont on devine qu’elle ne peut que virer au drame. Ce glissement du récit vers un suspense un peu grossier prend trop d’attention au spectateur, alors que celui-ci a largement de quoi se nourrir avec le jeu des sentiments et des personnages : un amoureux de moins en moins transi, sorte de valet de cœur pataud joué par Marc Citti ; un très inquiétant Darroussin, à mille lieues de ce qu’il fait d’habitude ; un non moins inquiétant roi de pique ou de cœur, c’est selon, joué par Marc Barbé, que l’on voit beaucoup ces derniers temps imposer sa présence trouble ; et surtout une dame de cœur (Nathalie Boutefeu), qui donne naissance à un très beau pas de deux entre des personnages qui n’osent pas, qui se regardent bien plus qu’il ne faudrait…
Tout cela aurait pu donner naissance à un autre film comme sait si bien le faire Jérôme Bonnell, une sorte de valse dissonante et pleine de charme, mais l’intrigue policière est ici bien lourde et donne un aspect exagéré au récit, de la valse on passe à la marche forcée. Dommage…

Pas encore de commentaires pour ce film

Si on fait abstraction de la fin qu’il faudrait refaire, joli film qui donne à voir 2 jeunes acteurs très convaincants, Malik Zidi et Florence Loiret-Caille ; j’ai découvert Malik Zidi, très bien ce «petit», juste, émouvant, séduisant, qu’il continue comme ça ! Elle, je la connais depuis un téléfilm qui doit avoir au moins une dizaine d’années où elle jouait une ado écorchée qui tombait enceinte et gardait le bébé, elle était remarquable de vérité déjà ! Dans « je l’aimais », je l’ai retrouvée avec plaisir adulte vivant une rupture douloureuse. Elle a un physique je dirai plutôt une présence pas ordinaire du tout, mais qui me charme et en même temps énerve, elle sait aller de la séduction à la tête à claques, une comédienne quoi !
Elle est la « dame de trèfle », Argine et vit avec son frère joué par Malik Zidi, ils sont le « couple » (mot à plusieurs sens !) héros malgré eux d’un drame qui les dépasse. Hormis leur jeu d’acteurs que j’ai vraiment apprécié, c’est cette histoire de 2 jeunes un peu paumés qui flirtent (mot à plusieurs sens là aussi !) avec les mauvaises personnes, qui font des choix douteux, voire du mauvais côté de la vie et de la loi… choix qui les poussent inéluctablement dans une situation dramatique qui les précipitera vers la rupture (mot à plusieurs sens une dernière fois !)
Si vous voulez découvrir tous ces double voire triple sens, qui font tout l’intérêt de cette histoire, achetez votre ticket, pas la peine d’attendre le DVD, s’il sort il passera inaperçu ce n’est pas un film à grand spectacle, juste une tranche de vie émouvante et très bien jouée.

Isabelle M, le 16 janvier 2010

Frère et soeur, Argine et Aurélien (Malik Zidi..magnifique) vivent ensemble depuis toujours dans une maison tristounette qui n'a pas vu un pinceau depuis longtemps.
Leurs rapports sont ambigus, frôlant parfois l'inceste.
Sans son frère, Argine qui ne travaille pas et qui est portée sur la picole et les mecs peu reluisants serait peut-être SDF. Aurélien, lui travaille et trafique un peu, rien de bien méchant. Mais un tragique concours de circonstances va le faire basculer.
On est bien avec ces deux là, on a envie d'en savoir plus sur leur histoire passée, sur l'avenir de l'amourette qui se met doucement en place entre Aurélien et une cliente, sur l'enquête policière qui débute....
Mais le film s'arrête brusquement lorsque l'histoire devient vraiment passionnante et un triste petit panneau nous explique la fin! C'est pitoyable, frustrant, rageant. Et merde, ce film aurait pu être vraiment bien!
On pourrait pas faire une cagnotte pour qu'ils puissent tourner la fin ?

Elisabeth S le 21 janvier 2010