Ce serait le premier Quentin
Dupieux, il y aurait de quoi s'extasier devant tant d'audace et
de décalages plus ou moins poétiques. Le souci, c'est
que les films du réalisateur finissent par tous se ressembler,
et pas seulement du point de vue de la lumière (forcément
terne), des costumes (obligatoirement laids) et du jeu des acteurs
(pas naturel). Le récit privilégie le grand n'importe
quoi, rattrape parfois le spectateur en faisant semblant de raconter
une histoire qui se tient, puis replonge dans une sorte de cauchemar
éveillé, sans queue ni tête. L'impression est
doublement répétitive : d'abord parce qu'on a déjà
vu cette succession de trucs et bidules faussement dérisoires,
ensuite parce que chaque idée est déclinée
jusqu'à plus soif, on dépasse largement le cadre du
running gag, c'est carrément interminable et un peu pénible
(le coup du couloir très long ou du rêve dans le rêve,
c'est amusant une fois, deux fois, trois fois peut-être, au
delà c'est abrutissant).
Il y a aussi une fausse bonne idée, celle de faire jouer
Dali par une demi-douzaine d'acteurs différents : ils donnent
tous la même image du personnage, dans le phrasé, dans
l'attitude physique, dans le regard halluciné. Où
est l'intérêt d'avoir recruté tant d'acteurs
?
Pour finir, on peut se demander jusqu'à quel point Dupieux
lui-même ne se prend pas pour n'importe qui, et pourquoi pas
pour un grrrrand artissste, comme le dirait Dali. Après Yannick
où le réalisateur se prenait pour le maître
de l'étrange, ce Daaaaaali ne serait-il pas encore
une auto-célébration faussement modeste ?