Crash test Aglaé

Ça sent la gentille comédie estivale un peu passe partout, avec une histoire sans beaucoup d’accrocs et des personnages prévisibles, et c’est en réalité bien plus que cela. Il y a un ton très personnel, un univers irréel qui se trouverait quelque part au croisement d’Amélie Poulain, des films de Wes Anderson et de ceux de Kusturica. Se remémorer le film quelques jours après sa vision, c’est reconstituer avec bonheur des images très construites, très contrastées, comme des tableaux surréalistes… c’est se souvenir aussi de répliques à l’humour décalé, piquant ou d’une naïveté calculée. Le récit n’est pas qu’un prétexte, il permet certes de présenter toute une galerie de personnages hauts en couleur qui portent en eux beaucoup de drôlerie mais aussi pas mal de mélancolie et de mystère, mais il est aussi une déclinaison surprenante de la mondialisation, où les pires aberrations sont prises à rebrousse-poil. India Hair, au nom prédestiné pour ce rôle (!), fait passer son personnage par toutes sortes de sentiments, elle est tout à fait en accord avec le faux rythme du film, pas vraiment lent (il y a des accélérations radicales), parfois contemplatif, parfois léger, presque toujours réjouissant.