La structure du récit est
presque classique : un groupe constitué, vivant avec ses règles,
ses particularités, géniales ou absurdes, est perturbé
par l’arrivée d’un élément extérieur.
Ce dernier peut être hostile pour les uns, révélateur
pour les autres…
L’originalité du film réside dans le contexte,
un pensionnat de jeunes filles hors du temps et à l’écart
d’un espace géographique précis. Il est spécifié
que l’action se passe un peu avant la deuxième guerre
mondiale mais il y a tellement peu de nouvelles du monde extérieur
que la période n’a finalement pas d’importance.
De même, par la langue, on sait que le pensionnat se trouve
sur une île anglophone, mais jamais il n’est donné
d’éléments permettant de le situer précisément.
Ce flou renforce l’impression d’irréalité
et permet beaucoup d’extravagances. Sans frôler la lisière
du fantastique, l’ensemble a tout de même quelque chose
ayant à voir avec le rêve ou le fantasme… comme
le personnage principal, pendant féminin du professeur joué
par Robin Williams dans "le cercle des poètes disparus"…
Il y a beaucoup de charme dans la description de ce petit monde, idyllique
et infernal en même temps, puis l’irruption de la nouvelle
élève dont l’indépendance et la maturité
font exploser le semblant d’équilibre dans les relations
entre le professeur et ses élèves. Ensuite, lorsque
certains secrets sont éventés, il ne reste pas grand-chose
et la fin, pourtant tragique, ne crée pas d’émotions.
A privilégier l’ambiance et le côté décoratif
des scènes, la réalisatrice en oublie de donner corps
à son récit. Eva Green n’insuffle sans doute pas
assez de folie dans la dérive de son personnage, passant trop
vite d’une aura fantasmatique à la complète déstabilisation.
Les jeunes filles, face ou avec elle, ont, de façon étonnante,
plus de nuances dans leur jeu.