Drôle de titre pour ce film
qui n’a rien d’éclatant. On est plutôt dans
le sombre, dans une mélancolie résignée, portée
par Catherine Frot (vraiment très bien) jouant une femme-flic
vaguement parente d’un Fabio Montale (Jean-Claude Izzo), pour
le sud, pour la bouteille, pour le refus d’une certaine efficacité
policière…
L’enquête en elle-même n’est pas des plus
passionnantes, l’intérêt du récit repose
entièrement sur la personnalité de l’héroïne,
obstinée et fragile, gardant suffisamment de zones d’ombres
pour que l’on se demande jusqu’au bout ce qui la fait
vivre, ce qui lui fait prendre ses décisions, ce qui la trouble
et la fait se mettre en colère.
Les autres personnages sont très en deçà, non
pas à cause de leur existence, de leur vie, de leur misère
(au passage, peu de films français montrent cette frange de
la population, très "France d’en bas") mais
plutôt parce que le traitement cinématographique ne les
met pas en valeur, ne s’attarde pas sur eux. On reste avec le
point de vue de la femme-flic, qui semble les connaître, ne
les juge pas, mais ne fait pas partie de leur monde. Elle semble plus
désemparée qu’animée d’une vraie
volonté pour changer les choses, ce qui est finalement assez
sincère de la part du réalisateur qui ne donne pas de
leçons, se contentant de jeter sur la société
sécuritaire et individualiste un regard acide, parfois désespéré,
mais parfois aussi interrogateur : si derrière la tension quasi-permanente
entre tous les personnages, il y avait une certaine solidarité…
Lorsque les rapports humains auront touché le fond, lorsque
la logique du résultat en matière sociale et économique
aura montré son absurdité, l’humanité pourra
peut-être reprendre ses droits.