Coup de chaud *

Raphaël Jacoulot

L'histoire

Au cœur d’un été caniculaire, dans un petit village à la tranquillité apparente, le quotidien des habitants est perturbé par Josef Bousou. Fils de ferrailleurs, semeur de troubles, il est désigné par les villageois comme étant la source principale de tous leurs maux jusqu’au jour où un meurtre est commis…

Avec

Jean-Pierre Darroussin, Grégory Gadebois, Karim Leklou, Carole Franck, Isabelle Sadoyan

Sorti

le 12 août 2015


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Drame rural, mais pas que…

 

Aucun accent chez ces hommes et femmes vivant dans un petit village sans charme du sud ouest. Les maisons n'y sont pas très belles, les paysages n'ont rien de renversant, tout est donc fait pour éviter le pittoresque et les jolis détails… L'histoire qui s'y déroule prend un aspect universel, c'est ici le Lot et Garonne, cela pourrait aussi se passer en Bretagne ou en Bourgogne, qu'importe.
Après un prologue qui montre qu'un meurtre a été commis, le récit en flashback présente une poignée de personnages dans leurs activités professionnelles, dans les relations qu'ils entretiennent. Au début presque anecdotiques, ces descriptions se font de plus en plus précises, le réalisateur a l'intelligence de prendre son temps pour faire découvrir aux spectateurs les amitiés, les méfiances, les incompréhensions… Tout est formidablement bien vu, le microcosme social d'un village dans une campagne qui se paupérise et se désertifie est analysé au scalpel, c'est passionnant à la fois pour ce qu'on y apprend et aussi pour la montée en tension du scénario.
Bien sûr, dans cet écheveau savamment tissé, il y a un fil qui vient tout perturber. Josef est un jeune adulte qui n'a pas toute sa tête, couvé par une mère sans doute trop tolérante, dérangeant les braves gens comme les moins braves. Le film a le mérite de ne pas le montrer comme une victime, il n'est pas un sympathique simplet, il peut être terriblement inquiétant et dépasser les limites de l'acceptable. La façon dont parlent les villageois de cet intrus dans le bon fonctionnement de cette micro-société est révélatrice de l'évolution de notre regard sur le handicap, sans doute aurait-il été mieux entouré il y a un siècle…mais ce n'est pas certain. Josef est fasciné par le monde qui l'entoure et dans lequel il ne peut pas pleinement participer, sa dérive qui conduit finalement au drame est autant due à l'incompréhension et au rejet des villageois (rejet parfois légitime, ce qui rend le film encore plus intéressant) qu'au miroir aux alouettes de la société de consommation et de paraître…
Certains rouages de l'histoire semblent un peu attendus, les zones d'ombre volontaires ne sont pas si obscures que ça, et la fin apporte peut-être trop de solutions aux interrogations des spectateurs, mais le film est tout de même de haute tenue, rigoureux, tenace; rôde ici quelque chose de chabrolien, ou d'hitchcockien…

Vos commentaires pour ce film

Été, Lot et Garonne(47), canicule et sécheresse en milieu rural. Un huis clos dans un contexte économique et social difficile, l'atmosphère du village est bien reconstituée, blessures intimes et fractures sociales, tout est malaise et ambiguïté.
Carole Franck : excellente, authentique terrienne.
Karim Leklou : crédible en personnage manipulateur et violent.
Jean-Pierre Darroussin : le maire personnage bienveillant.
Gregory Gadebois et Agathe Drone : Seconds rôles très bien interprétés, on partage leurs intimités.
Marc Prin, le vilain gagne les terres qu'il convoite à sa voisine.
Un film intéressant, excellent dans l’analyse, qui ne juge pas les faiblesses en situation de crise.


Dominique P, le 25 août 2015

 

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