Laetitia Masson a un style bien
particulier, un peu dérangeant, décalé, surprenant.
On aimerait être sensible à cette très bizarre
comédie noire, sorte de film choral autour d’une énigme
meurtrière que cherche à résoudre un flic tout
à fait improbable, Podalydès pas très bien dirigé
et refaisant donc une sorte de Rouletabille déprimé
face à deux suspectes dont l’une devrait être une
grande bourgeoise désoeuvrée mais qui n’est jamais
vraiment incarnée par Anne Consigny, et l’autre une cuisinière
famélique, désenchantée, mal fagotée dans
sa robe en tissu d’ameublement : Hélène Fillières,
silhouette si étrange qu’elle n’a pas besoin d’en
faire beaucoup pour créer le malaise.
Mais la palme de l’étrange glauque revient au seul couple
du film : Jérémie Rénier et Amira Casar, lui
tout engoncé dans sa veste sombre et sous sa tignasse mal coiffée,
aussi charismatique qu’un surgelé mal cuit, et elle qui
semble s’ennuyer profondément : il faut dire que son
rôle n’a vraiment pas beaucoup d’intérêt.
C’est d’ailleurs ce que l’on ressent après
un assez prenant premier quart d’heure : un manque d’intérêt
qui va croissant. On finit par se moquer éperdument de l’identité
de la coupable, et le style de la mise en scène devient comme
une coque vide, vaine, mortellement ennuyeuse.