Selon son humeur, ses propres compétences
musicales, son indulgence, le spectateur trouvera ce film formidable
et très émouvant, ou bien tout à fait hors de
la réalité et simplement ridicule.
L’histoire est somme toute classique, et reprend le thème
des exclus (ou ratés, ou déchus, c’est selon)
qui pour une cause noble à défaut d’être
grandiose, parviennent à se surpasser pour réaliser
le rêve de l’un d’entre eux, rêve à
plusieurs étages, bien sûr, tout n’étant
pas révélé d’un coup. Les différentes
étapes du récit sont relativement prévisibles,
les secrets assez largement éventés, mais il se trouve
que, malgré les clichés un peu lourds sur l’âme
russe (ou slave, ou juive, on n’est pas sectaire) et les énormes
ficelles pour créer de l’émotion, la petite larme
est de mise lorsque la musique fait son œuvre, à savoir
reconstruire ce qui était brisé, de la baguette du chef
jusqu’à la grandeur morale des différents personnages.
Mais les vrais musiciens, ceux qui répètent des heures,
ceux qui connaissent le prix de l’interprétation juste
et expressive, seront sans doute passablement excédés
par toutes les invraisemblances concernant leur travail. On aura beau
dire, c’est du cinéma, il y a tout de même des
énormités qui ne peuvent pas passer, qui empêchent
l’ensemble du film de se hisser au-delà de la comédie
lourdingue et gentiment dramatique, qui ne laisse pas beaucoup de
souvenirs…
