Compliance

Craig Zobel

L'histoire

Lors d’une journée particulièrement chargée, Sandra, gérante d’un fast-food d’une banlieue de l’Ohio reçoit l’appel d’un policier accusant l’une de ses employées d’avoir volé un client. Le croyant sur parole, Sandra place Becky sous surveillance, entrant ainsi dans une situation qui va bientôt tous les dépasser.

Avec

Ann Down, Dreama Walker, Pat Healy, Bill Camp

Sorti

le 26 septembre 2012

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Résistance !

 

Avertissement : Dans cet article, une grande partie de l'histoire est révélée au lecteur (on se croirait dans un article de Télérama…). Ceux qui désirent voir ce film attendront d'en être sortis pour lire ceci…

"Compliance", c'est entre la conformité et la soumission. On aurait traduit le titre par conformité, cela aurait été trop faible, et soumission, trop fort.
Pourtant, le sentiment dominant à l'issue de la projection, loin de ces tendances, est plutôt un agacement prononcé, bien au-dessus de la révolte scandalisée que ce type de film devrait engendrer.
Le soi-disant policier qui appelle le fast-food pour annoncer qu'une employée a commis un vol est en réalité un mauvais plaisantin ou plutôt un dangereux pervers. La jeune femme qu'il accuse n'est coupable de rien. Mais là n'est pas le vrai sujet du film… Il se situe dans l'obéissance aveugle de ceux qui sont communication avec lui et qui pensent en toute bonne foi qu'il s'agit d'un représentant de l'ordre.
Tant qu'il s'agit de retenir la jeune femme jusqu'à l'arrivée hypothétique de flics venus l'arrêter (et le spectateur sait, à mi-parcours, qu'elle ne se produira jamais), on se dit que la farce est certes de mauvais goût, mais que n'importe qui pourrait se laisser prendre. Lorsque les demandes du prétendu policier deviennent particulièrement tordues, on s'interroge, on fait même plus que s'interroger, c'est l'incrédulité qui prend le pouvoir. Mais, mais il y a cet encart, en tout de début de film, qu'on ne peut absolument pas manquer, "inspiré de faits réels". Et en toute fin de projection, après que l'indicible se soit produit, il est indiqué que soixante-dix affaires de cet ordre sont arrivées en l'espace de dix ans. Soixante-dix, c'est beaucoup, ou pas. Combien de coups de fil ont échoué ? Combien de personnes de bon sens ont refusé de faire ce qu'on leur demandait, vrai flic ou faux flic ? Il est sans doute difficile de connaître ce nombre, mais cela aurait été intéressant de le savoir, tant le sentiment d'avoir été manipulé, en tant que spectateur, est prégnant.
Il est bien montré, au début du récit, qu'il y a une certaine tension dans le fast-food où aura lieu tout ce qui va suivre, parce que la veille, la mauvaise fermeture d'un congélateur a fait perdre une grande quantité de denrées, de même qu'on fait sentir qu'entre la jeune employée future accusée et la responsable de l'établissement qui va gérer l'appel du faux policier, il y a comme une sorte d'incompréhension, pas un vrai conflit, mais juste ce qu'il faut pour qu'une méfiance soit possible.
Puis tout ce qui arrive ressemble à un cauchemar éveillé. La responsable, ses acolytes, la victime elle-même, tous acceptent l'inacceptable, sans jamais prendre la peine de vérifier l'origine de l'appel. Mais cette absence de discernement n'est pas le pire. Aucun personnage ne remet en cause l'autorité, certains l'esquivent, mais personne n'ose dire que ce qui est demandé dépasse les limites, et qu'il faut refuser, s'opposer. La façon dont les personnages raisonnent et font des choix donne l'impression qu'ils sont comme tout le monde, et certainement pas plus bêtes que vous et moi. Et de ce fait, le récit culpabilise, il s'adresse d'une certaine manière au spectateur en lui disant, "vous n'auriez pas fait mieux, vous êtes tous des moutons dociles". C'est prodigieusement agaçant, parce que ce n'est pas exact. Le pouvoir de dire non, d'envoyer paître l'autorité, de s'opposer, ce pouvoir-là existe et il s'exprime chaque jour, partout, dans les situations les plus extrêmes comme dans celles qui semblent anodines. Résistons !

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