Pendant un long moment, le film ressemble à un dossier, une
sorte de réponse filmée à la question comment
un jeune couple peut réagir à la maladie grave de l’un
d’entre eux. Évitant soigneusement le pathos, caractérisant
le moins possible les personnages, René Féret prend
le risque d’un récit un peu théorique, sans surprise,
très balisé, avec les scènes attendues et convenues,
à l’hôpital, chez les parents, en larmes ou très
dignes jusqu’à la rigidité. Et puis, peu à
peu, essentiellement grâce à l’histoire d’amour
qui ne faiblit pas bien au contraire, le récit s’intensifie,
parvenant à faire sentir une certaine foi, non pas religieuse
ni mystique, mais comme une confiance de chacun dans les sentiments
de l’autre, un respect profond, une très grande pureté
et un engagement total, malgré la froideur initiale apparente.
Dès lors, les scènes de brisure, où l’émotion
jaillit à partir d’un rien, prennent le pas sur les autres,
donnent le ton, c’est une lutte entre la vie et la mort et même
si l’issue peut être fatale, celle-ci n’est pas
une fin. À ce titre, lorsque les deux amoureux, ivres de champagne
et du désir de profiter de la vie, sont pris d’un fou
rire incongru au vu de la question qui leur est alors posée,
cette séquence est bouleversante.
Salomé Stévenin, dans un rôle difficile, resplendit
de beauté, elle incarne vraiment cette évidence, du
bonheur amoureux plus fort que la maladie, plus fort que la pitié,
plus fort que la tristesse.