Si l'histoire se passe bien au
début de ce vingt-et-unième siècle connecté,
bétonné et cependant dématérialisé,
le récit est bien celui d'un western. Avec ses héros
traditionnels, ses banques et leurs braqueurs, ses shérifs,
ses villes écrasées par la chaleur, une certaine absence
de morale et un certain sens de l'honneur. Le réalisateur
joue le jeu, s'amuse avec les codes du genre, plie la modernité
pour qu'elle puisse être le décor d'un affrontement
à distance puis à portée de fusils entre deux
frères d'une part, plus ou moins victimes de la crise économique
mondiale, exclus ou presque de la société, et d'autre
part un flic à l'orée de la retraite, borné,
sarcastique, faussement vieux con, opiniâtre, très
opiniâtre, et cependant presque sympathique. L'histoire en
elle-même n'a que peu d'intérêt car ses rouages
sont assez prévisibles, les personnages malgré leurs
forts caractères ont un sacré goût de déjà
vu, et tout cela manque cruellement de femmes (il y en a bien une
ou deux, qu'on oublie très vite) mais le sel du film, c'est
bien cette transposition d'un genre ultra codifié à
une époque sombre (la nôtre) et tout ce qui va avec,
l'humour très second degré, la testostérone
bien mise en avant pour s'en moquer, la façon de montrer
que malgré les années qui passent et quelque soit
l'époque, les relations entre les hommes sont toujours empruntes
des mêmes enjeux, sauver sa peau et se faire une place dans
la grande comédie de la vie.