Coluche, l'histoire d'un mec

Antoine de Caunes

L'histoire

Le parcours de l'humoriste Coluche de l'annonce de sa candidature, le 30 octobre 1980, aux élections présidentielles de 1981, jusqu'à son retrait le 16 avril 1981.

Avec

François-Xavier Demaison, Léa Drucker, Olivier Gourmet, Laurent Bateau, Jean-Pierre Martins, Alexandre Astier

Sorti

le 15 octobre 2008

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Le doute du clown


 

 


Le film ne raconte pas la vie de l’amuseur public n° 1, de l’aube de son succès à sa mort accidentelle. C’est juste le récit d’une année ou presque, de septembre 80 à mai 81, l’histoire d’une candidature à la présidence de la République, qui a bien failli aller jusqu’au bout. Le champ reste libre donc pour celui qui voudrait produire une biopic complète de cet homme…
A priori, il était séduisant de montrer un personnage extrêmement populaire à une période de sa vie remplie de doutes et d’ambiguïtés, mais cela représentait aussi un pari risqué : impossible de calquer les bonnes vieilles recettes inhérentes aux films présentant une vedette du showbiz : les débuts timides, le succès qui vient peu à peu, avec tous ses à-côtés incontournables, addictions et relations séduisantes mais superficielles, etc.
Antoine de Caunes a donc été obligé de se passer de toute cette panoplie facile pour se concentrer sur son sujet : un homme se faisant dépasser par l’ampleur d’un phénomène qu’il a lui-même créé. Sans être une franche réussite, le film ne se défend pas si mal, porté d’abord par François-Xavier Demaison, qui donne une version très crédible d’un Coluche contrasté, amuseur jusqu’au bout des ongles, même dans sa vie privée, mais aussi tourmenté, en proie aux doutes. La reconstitution (historique !) du début des années 80 est plutôt étonnante, sans fausses notes et relativement discrète. Les interrogations, bien posées, interpellent le spectateur et peuvent trouver des parallèles avec notre époque : les politiques se préoccupent-ils vraiment de leurs concitoyens, le slogan de Coluche "un pour tous, tous pourris" n’est-il pas réducteur et une fois le constat réalisé, que fait-on ?
Le mérite du film est de montrer que sur le moment, ce sont autant les menaces de mort que le sentiment d’impuissance face à la détresse des gens qui ont fait reculer Coluche. Le scénario n’en fait donc pas un héros sans peur et sans reproche, bien au contraire. Et l’impression de ne pouvoir répondre que par la farce à des problèmes profonds a fait que, quelques années plus tard, l’humoriste a créé ses "restos du cœur". On imagine aisément une suite sur cette initiative, avec une overdose de pathos et de bons sentiments, suivie de la mort du héros : de Caunes a le bon goût de s’arrêter bien avant.
Bien sûr, la mise en scène est un peu fade, il n’y a pas là œuvre de création, juste une sage illustration. Pas de quoi verser l’opprobre, ni encenser démesurément.

   

Vos commentaires

Ben voilà, c'est l'histoire d'une fille qui va voir un film d'époque.
Ça parle d'un truc qui s'est passé il y a 27 ans et là ... les atmosphères, les vêtements, les attitudes, la musique et les façons de bouger et de plaisanter ... C'est tellement bien fait que ça la replonge dans un espace-temps connu ... C'est si familier et si différent, c'est troublant ... Et oui, à l'époque j'avais 18 ans et je votais pour la première fois...
A part ça, Demaison est très bon, Lea Drucker émouvante, le film est bien construit, mais je reste sur un sentiment très particulier. Grâce à la télé, qui a repassé pas mal de documentaires ces derniers jours, j'ai retrouvé avec plaisir Coluche, l'homme, son regard son humour, sa fragilité et vraiment il n'y a pas photo, je préfère le vrai.

Isabelle E-C, le 23 octobre 2008

 

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