Lorsque dans
le milieu de la pègre (très) locale, deux loosers
réussissent leur coup, ils en sont les premiers surpris.
Il s'ensuit un enchaînement de règlements de comptes,
mené par un exécuteur des basses œuvres interprété
par Brad (Pitt) qui prouve une nouvelle fois qu'il n'est pas qu'un
beau gars… il est aussi un excellent acteur, ici à
l'unisson d'une distribution sans failles, presque exclusivement
masculine.
C'est un polar sans flics, bavard comme un Tarantino et à
quelques occasions aussi violent, parfois drôle, parfois tendu,
et parvenant à réunir les deux en même temps
(la tension et l'humour). Mais le contexte, lui, ne prête
pas à rire. C'est une vision radicale des Etats Unis, résumée
dans la dernière phrase, "ce n'est pas un pays, c'est
un business". Tout au long du film, on entend les discours
des deux candidats à l'élection présidentielle
de 2008, et ce que l'on voit à l'écran apporte un
démenti cinglant et amer aux envolées lyriques et
belles déclarations sur le peuple américain, censé
former une communauté. En plus de l'individualisme forcené
des personnages, le décor montre un pays dans un état
de délabrement avancé… avec deux terrains vagues
et trois ou quatre maisons en ruines, le réalisateur parvient
à installer une ambiance sombre de décadence dans
laquelle son histoire absurde et implacable prend tout son sel.
C'est une belle réussite, tout à fait divertissante
à cause des dialogues et de l'humour (très) noir,
instructive en présentant un constat social sans concessions
de la société américaine, et joyeusement désespérée…