Les deux actrices sont formidables,
quoique peut-être pas assez opposées. De nombreuses scènes
sont magnifiques, comme celle où l’on voit Félicité
la main dans la rivière, tentant de retenir l’eau, de
la saisir, comme elle aimerait pouvoir arrêter le temps qui
passe et empêcher les malheurs qui la touchent. On sent une
grande application dans la mise en scène, les cadrages très
étudiés, la lumière tamisée exactement
comme il sied à chaque situation, les quelques accélérations
de rythme dans les séquences qui en réclament…
Mais on ressent, malgré l’émotion, un manque d’unité
du récit. Les deux personnages existent, mais l’histoire
n’a pas beaucoup de corps, de passion, d’intensité.
Peut-être les costumes et les décors, un peu trop théâtraux,
pas très naturels, sont-ils à l’origine de cette
impression de légère fadeur. Peut-être les dialogues,
à mi-chemin entre un côté très littéraire
et une tentative de spontanéité, ne sonnent pas toujours
justes. Peut-être s’agit-il de tout autre chose. Toujours
est-il qu’on a du mal à entrer dans ce récit de
deuils, de don de soi, de folie.