Bien sûr, c'est une fable
absurde, qui se moque des invraisemblances. Mais la situation initiale,
ce cochon pêché par un Arabe de la bande Gaza, génère
des réactions des divers personnages drôles, surprenantes,
et pour finir, émouvantes. Il faut donc accepter l'aspect délirant
de la découverte de l'animal dans le filet de pêche,
puis se laisser porter par le mélange de réalités
et de poésie. L'impression qui se dégage alors de la
vision de cette comédie qui déménage, penche
clairement du côté du plaisir, de la détente des
zygomatiques. Pourtant, le récit ne caresse pas toujours dans
le sens du poil (le cochon est un peu laineux…), il y a aussi
de l'angoisse, de la désespérance face à l'immobilisme
(toutes communautés confondues, aucune n'échappe au
regard acide du scénariste-réalisateur) et certaine
situations peuvent donner quelques sueurs froides.
Le film reste tout de même une farce malgré un message
pacifique, et il est tout à fait probable qu'il fera bien plus
rire ceux qui observent le conflit israélo-arabe de loin que
les membres des deux communautés concernées. Celles-ci
sont renvoyées dos-à-dos, et invitées de façon
un peu simpliste (et un tout petit peu moraliste) à se retrouver
pour construire une paix improbable. La production du film est européenne,
il semble qu'il soit destiné à un public ayant tout
le recul nécessaire (facile et confortable, quand on mange
du saucisson régulièrement…) pour recevoir la
bonne parole.