Cloud Atlas

Combien d'histoires racontées ? Combien de destins misérables ou magnifiques ? Combien d'occasions d'écarquiller les yeux et de sentir le palpitant accélérer ? Remis à plat, au calme après la projection et après comptage, le scénario qui entremêle toutes les époques propose six récits différents, s'étalant du temps d'avant la guerre de Sécession à une ère post-apocalyptique "après la chute", où des hommes vivant sans technologies, comme dans une civilisation préhistorique, côtoient des "prescients" bienfaisants pilotant des aéroglisseurs sortis tout droit d'une bonne vieille SF basique et légèrement dépassée…
L'avantage de ces six histoires, c'est l'absence totale d'ennui. On passe de l'une à l'autre sans arrêt, c'est un festival d'action, de renversements de situations, de drames, de tragédies, de trahisons, de vengeances, d'actes de générosité et d'humanité, sans oublier l'humour, particulièrement présent dans le récit de l'éditeur qui cherche à s'échapper d'une maison de retraite.
L'inconvénient, c'est qu'on se perd un peu dans cette choralité qui frôle la cacophonie mais se rattrape aux fils tendus entre les différentes époques, qui ressemblent parfois à de minces cheveux tirés, et parfois non : l'irrégularité dans la cohérence des transitions vient peut-être de la double réalisation, les Wachowski et Tom Tykwer se répartissant les époques.
Au final, c'est tout de même le plaisir qui l'emporte. On savoure le grand spectacle, pas vraiment innovant, à la morale d'une originalité douteuse (l'Amour sauve le Monde) et aux émotions un peu faciles, mais formidablement prenant et ménageant quelques jolies surprises.
Les acteurs jouent chacun plusieurs personnages, croulant sous les maquillages et les effets spéciaux, mais certains rôles marquent plus que d'autres. Globalement, Tom Hanks prouve une nouvelle fois son énorme présence et Halle Berry son charme très lisse. Il est conseillé de rester pendant le générique de fin, pour avoir une idée de la distribution entière, les surprises sont garanties.