Le cinéma de Gaspar Noé
ne ressemble à aucun autre, c'est le moins qu'on puisse dire.
Il exaspère ou il suscite l'admiration. Ceux qui se disent
indifférents à ses films sont des mythomanes. Pour
ce Climax, rien ne change, certains sortent de la projection
extasiés, d'autres ont quitté la salle avant la fin.
Au crédit de ce film (est-ce vraiment un film ?), deux longues
scènes de danse hallucinantes et hallucinées, carrément
réjouissantes. Des personnages tous névrosés
joués par des hommes et des femmes ayant des sacrés
caractères, plus danseurs que comédiens, dotés
de trognes et de corps hors du commun. Quelques échanges
très naturels, peut-être des impros, en tous cas quelque
chose qui rend crédible la situation, une fête de fin
de stage de danse, dans un bâtiment étrange, un peu
délabré, où rien n'est beau mais qui suinte
une ambiance un peu inquiétante, un peu claustro… Une
caméra très mobile et tout de suite planante (typique
Gaspar Noé), suivant les personnages dans leurs errances.
De très longs plans séquences virtuoses qui pourraient
éventuellement donner le tournis. La possibilité d'une
douceur, sous les éclats de violence physique et verbale
qui ne tardent pas à justifier l'interdiction aux moins de
seize ans…
A son discrédit, et malgré un beau matériau
humain, un message un peu court : "Naître et mourir
sont des expériences extraordinaires. Vivre est un plaisir
fugitif." Oui, et... ? Rien. Cela manque de développements.
Un très gros quart d'heure en fin de projection où
il ne se passe plus rien, la caméra est perdue, et on ne
voit plus que des formes vagues, des corps peu éclairés,
le tout nimbé d'une musique bruyante, transpercée
par des cris non identifiés. Un grand flou sur le sort de
tous les personnages, qui s'en est sorti, qui y est resté…
C'est donc du Gaspar Noé pur jus, inimitable, reconnaissable
entre tous, dont on peut toujours se demander s'il a de la créativité
ou un très, très gros pétard à la place
du cerveau (ce qui n'est pas incompatible).