C'est une famille comme il en
existe partout, avec ses relations privilégiées, avec
ses non-dits, ses secrets, ses moments de partage d'émotions,
ses espoirs, ses renoncements… Sauf que dans cette famille-là,
la cave et le grenier ne cachent pas des lettres ou des photos mais
un otage… Une personne issue d'une famille fortunée,
qui peut rapporter beaucoup. Les otages se succèdent, et
sont exécutés, malgré le versement de rançons.
Et tout le monde dans la famille est plus ou moins au courant. Ceci
n'est pas le fruit pourri de quelques scénaristes en mal
de sensations à offrir en pâture à des spectateurs
avides d'histoires insensées, mais bien un fait divers, survenu
dans les années quatre-vingts en Argentine. Le réalisateur
s'en est emparé et en a fait un drôle de thriller,
s'attachant à mettre en lumière les façons
de faire de ces kidnappeurs certes amateurs mais tout de même
assez efficaces (enfin, à peu près), et laissant dans
l'ombre les raisons qui ont poussé cette famille à
basculer dans le crime organisé. Les personnages sont décrits
avec leurs doutes et leurs faiblesses, ce qui les rend, au bout
du compte, plus attachants que détestables, malgré
les horreurs commises (et qui ne sont pas occultées). L'impression
est un peu étrange, on se demande ce que veut dire le film,
et si cette histoire est une métaphore d'un pays qui ne va
pas très bien, quel est l'état d'esprit de celui qui
montre tout cela ? Est-il désespéré, est-il
cynique, est-il d'une bienveillance trouble ? Le scénario
serait purement imaginaire, on comprendrait cette absence de point
de vue. Mais c'est une réalité, ou au moins une adaptation
de cette réalité. Un regard plus engagé de
la part du réalisateur aurait été bienvenu.