Les citronniers *

Eran Riklis

L'histoire

Salma, une veuve de 45 ans, vit dans un village palestinien de Cisjordanie. Elle lutte contre les autorités israéliennes, qui veulent couper ses citronniers, plantés par sa famille des décennies auparavant...

Avec

Hiam Abbass, Ali Suliman, Rona Lipaz Michael, Doron Tavory

Sorti

le 23 avril 2008

La fiche allociné

 

 

 

La critique d'al 1

Citrons amers

Comme le dit un personnage, il n’y a que dans les films américains que les histoires finissent bien. Celui-ci est israélien et il a le très grand mérite de rendre compte de la complexité du conflit au proche-Orient, et ce sans un seul coup de feu. Ce ne sont pas les méchants oppresseurs contre les pauvres opprimés, le scénario évite soigneusement tout côté démonstratif et pourtant la situation est exemplaire : une poignée de citronniers menace la sécurité d’un état, il faut donc les abattre, même si ces arbres représentent une histoire familiale et qu’aucun dédommagement ne saurait les remplacer, sentimentalement parlant.
Deux personnages symbolisent la réalité du terrain, tout en parvenant à s’écarter des schémas simplistes, avec des évolutions parallèles tout à fait intéressantes. Salma Zidane (!), la propriétaire des citronniers, lasse, grise, plus ombre que femme, "ayant eu sa part de chagrin", gagne en fierté et en beauté au fur et à mesure de l’avancée de son combat, alors qu’il est jugé dérisoire et vain par tout le monde, y compris dans sa propre communauté. En face, la femme du ministre menacé par la présence de la plantation, prend conscience peu à peu de l’importance de ces arbres pour sa propriétaire. On la sent au début légère et un peu dédaigneuse, regrettant seulement "de ne pas être une meilleure voisine" pour Salma, puis son regard change et, sans aller jusqu’à l’empathie, montre plutôt finement qu’une partie des Israéliens est favorable au dialogue, tentant de comprendre tout ce qui rattache les Palestiniens à leur terre.
Le scénario et la mise en scène restent toujours très dignes, pas de pathos, pas d’émotions faciles. Cette âpreté est parfois difficile à avaler, la beauté est aride et se cache à l’intérieur du récit plus que dans les images, les quelques instants de poésie et d’onirisme ultra-léger sont les bienvenus, mais très rares.
Un beau film amer et sec qui parvient à rendre compte de situations complexes avec une grande économie de moyens.

 

 

 

Vos commentaires

J'ai bien aimé. Beaucoup même. Dans le genre toutefois "pas trop léger", limite "plombant" si on a envie de s'attacher à la noblesse et à l'intelligence de nos amis les humains.
Bon, d'abord une petite inquiétude pendant quelques minutes, alors que je ne savais rien des "citronniers" en entrant dans la salle (accompagné du boss Al1 him-self faut dire !). Celle de ne pas être suffisament cultivé sur le conflit israélo-palestinien pour capter le sens et la subtilité de ce film. Mais non, ce contexte géo-politique n'est qu'un contexte justement, un décor dramatique et dérisoire pour parler plus largement de la bêtise et de la dignité humaines, de l'affrontement entre les individus et les systèmes, de l'amour aussi et de ses entraves.
Une autre petite crainte, à mi-chemin, celle d'une lecture un peu trop caricaturale et démonstrative autour un sujet unique et de part et d'autre d'une ligne (d'un mur en l'occurence) séparant le camp des victimes de celui des bourreaux.
Or, progressivement, le récit s'étoffe, les personnages sortent de leur rôle premier et l'ensemble traduit la complexité des choses, avec finesse et nuance.

Thierry D.le 24 avril 2008

 

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