Citizenfour *

Laura Poitras

L'histoire

En 2013, Edward Snowden déclenche l’un des plus grands séismes politiques aux Etats-Unis en révélant des documents secret-défense de la NSA. Sous le nom le code « CITIZENFOUR », il contacte la documentariste américaine Laura Poitras. Elle part le rejoindre à Hong Kong et réalise en temps réel CITIZENFOUR, un document historique unique.

Documentaire

Sorti

le 4 mars 2015


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Libres ? Mort de rire !

 

Enfin vu, ce documentaire sur Edward Snowden.
Tout ce qui y est dit ou presque n'est plus une surprise, après le déluge des révélations qui datent, déjà, de 2013… C'est donc une petite piqûre de rappel, et qui peut vous filer un coup de blues, ou bien simplement vous convaincre, si ce n'était déjà fait, que votre liberté d'expression, de pensée, de relations avec qui vous voulez, que vous espériez bien établie dans ce monde dit civilisé, n'est en réalité qu'un leurre. Tout est sous contrôle et tant que vous faites ou que vous dites ce que l'on attend de vous en fonction de votre espèce sociale, tout va bien. Mais si vous vous écartez… Sachez que vous n'êtes plus au temps du parchemin scellé. Le moindre message qui passe par un bout de fil plus ou moins électrique ou sur une onde portée par le vent (ou par autre chose, sans doute) est donc susceptible d'être interceptée par la NSA et toutes les agences de renseignement plus ou moins gouvernementales.
Et que cela peut-il me faire, si je n'ai rien à me reprocher, me direz-vous… Premièrement, avec un tel argument, vous feriez un excellent citoyen sous toute forme de dictature. Deuxièmement, c'est une question de principe. Si vous envoyez un "je t'aime", ou un "je te déteste", vous n'avez pas forcément envie que cela soit lu par une autre personne que celle à qui cela est destiné.
Et puis, si j'ai bien suivi (et ce n'est pas si facile, les échanges entre Snowden et les journalistes vont vite, c'est parfois technique et on peut se retrouver largué…), ce qui intéresse la NSA et ses semblables, ce ne sont pas les individus, mais plutôt les masses et leurs actions, leurs façons de se rassembler, de penser, d'échanger. Les "métadonnées" sont, semble-t-il, les plus prisées par ces agences que n'aurait même pas imaginé George Orwell. Les métadonnées, c'est à dire non pas le contenu des échanges, mais qui sont les destinataires, la fréquence des correspondances entre les individus, quels sites internet sont les plus visités par tel ou tel groupe de personnes… Dis-moi à qui tu parles, je te dirai qui tu es, ce que tu es susceptible d'acheter, pour qui tu votes, et quelles sont les valeurs pour lesquelles tu serais capable de te battre.
Comme il est dit dans le documentaire, c'est bien de la Liberté dont on parle. Au moins, au Moyen-Âge, on n'ignorait pas contre quoi on était protégé par plus fort que soi, on n'était pas libre mais on le savait. Maintenant, l'obligation de se plier à un mode de vie est beaucoup plus pernicieuse. Votre gouvernement est là pour vous assurer tout un tas de droits mais en échange de quoi ?
Tout cela n'est vraiment pas simple, et il y a beaucoup d'ambiguïtés dans cette histoire. Snowden n'a trouvé un refuge qu'en Russie, qui, comme chacun sait, a à sa tête un type formidable, honnête, épris de libertés (enfin, surtout pour lui, les libertés). Et de quoi vit-il, maintenant ? Oliver Stone veut réaliser un biopic sur lui, on imagine que le valeureux dénonciateur touchera quelques droits au passage… Enfin, le documentaire a été récompensé par un Oscar, donné par l'industrie du Cinéma Américain, industrie bien sûr totalement indépendante et qui n'a rien à voir avec les Puissants qui dominent le Monde. Mouais. Il y a comme quelque chose qui cloche là-dedans.
Pour en revenir au film lui-même, il a assurément le mérite de poser de multiples questions mais il a aussi de véritables qualités purement cinématographiques, il peut se voir comme un film d'espionnage, sans aucune action, mais qui scotche à l'écran, parce que plus vrai que nature. Ah non, pardon, pas plus, aussi vrai que nature, puisqu'il nous est donné de voir des morceaux de l'entretien entre Snowden et deux journalistes qui a débouché sur un embrasement international, une crise de confiance phénoménale entre états. Quatre individus sans cravates et sans armes dans une chambre d'hôtel pendant une semaine avec même pas assez de chaises pour tous, et qui menacent l'ordre mondial, aucun scénariste ne l'aurait imaginé, mais c'est la réalité.

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