Le film de Les Nuls
est peut-être le film le plus con du cinéma français…
Mais il assume, avec ses gags à répétition,
niveau CE2 ou au soixantième degré. Le célèbre
doigt avant le whisky, autant ou même plus connu que n'importe
quelle réplique des tontons flingueurs, est probablement
la réplique la plus élaborée du film, qui mêle
allégrement la satire, la parodie, le scato, l'absurde, l'ironie,
l'humour le plus lourd qui soit… et tout cela avec une absence
de rythme flagrante. Qu'est-ce qui a fait le succès de ce
nanar ? Pourquoi plus de deux millions de spectateurs se sont précipités
dans les salles pour voir ce qu'ils avaient déjà eu
sous les yeux et dans leurs oreilles en allumant la télé
à chaque fois que Chabat, Lauby, Carette et Cie étaient
programmés ? Comment se fait-il que plus de vingt ans plus
tard, on se rejoue régulièrement quelques scènes
entre amis et qu'on se gondole comme des idiots à l'évocation
des "ça va couper", "barrez-vous, cons de
mimes" et autres cariocas endiablées ? Le film est passé
dans l'inconscient collectif, et reste pour le moment, le seul exemple
français de comédie à l'américaine du
type Y a-t-il un pilote dans l'avion, Hot Shots
ou Scary Movie… Son élévation au rang
de film culte est sans doute due à une certaine nostalgie
des années bénies pour certains où il était
impossible de louper le JTN et plus tard et dans un esprit
relativement proche, les Guignols de l'Info.
Revoir la Cité de la peur dans son intégralité
vingt-cinq ans plus tard, c'est prendre tout de même un sacré
coup de vieux, et c'est l'occasion de se dire que beaucoup de comédies
vieillissent fort mal surtout lorsqu'elles ne reposent que sur une
succession de sketches et des dialogues certes plutôt drôles
mais sans cul ni tête. Les Tontons flingueurs, encore
eux, font rire pour quelques scènes, pour le jeu des acteurs
mais question scénario et rythme, c'est à peu près
le néant, comme cette cité de la peur… En revanche,
on peut revoir des dizaines de fois La grande vadrouille,
Sept ans de réflexion ou Certains l'aiment chaud
avec un plaisir à chaque fois renouvelé…
Quand est-il du film des acteurs du Splendid, "le père
Noël est une ordure" ? Le scénario n'était
pas squelettique, et il me semble qu'il y avait un certain sens
du rythme… Mais qui peut se vanter de l'avoir revu récemment
dans son intégralité ?