Tanovic, c’est l’auteur
de l’excellent "No man’s land", même si
le film avait tout de même été un peu surcoté.
Ensuite, rien à signaler dans l’œuvre du réalisateur
bosnien, à part un authentique ratage, "l’enfer",
d’après un projet de Kieslowski, tourné en France.
Aujourd’hui, dans ce cirque sans acrobates, Tanovic retrouve
une partie de son inspiration , avec un récit symbolique, celui
du retour d’un bosniaque dans son village, après la chute
du régime communiste et avant la guerre qui éclate en
1992. Comme dans "No man’s land", le ton navigue à
vue entre la farce acerbe et le drame vaguement tragique, avec une
tentative, parfois lourde, parfois plutôt juste, d’expliquer
ou au moins de livrer une analyse du conflit en ex-Yougoslavie au
travers d’une fiction mettant en scène des personnages
bousculés par les évènements historiques. Ici,
il se permet de rajouter un peu de romantisme avec deux personnages
féminins, intéressants parce qu’ils ne sont pas
figés, mais donnant un aspect plus convenu au film. Les histoires
d’amour, tout le monde peut s’y retrouver, et si les rivalités
entre les différentes communautés du village finissent
par lasser le spectateur (elles sont traitées comme un Clochemerle
local), les aventures sentimentales du père et du fils, de
la femme abandonnée il y a vingt ans et de la jeunette pimpante,
même si elles versent dans les clichés, prennent le pas
sur tout le reste. On peut le regretter, l’ensemble perdant
de son acidité au fur et à mesure de l’avancée
du récit. On peut aussi s’en réjouir mollement,
bien calé dans son fauteuil, avec une petite émotion
éphémère.