Aux blasés, aux déçus
permanents, aux chercheurs opiniâtres de nouveauté,
aux extasiés face à l'inattendu, à ceux qui
préfèrent les singularités même un peu
floues, ce ciel étoilé est peut-être pour eux.
Peut-être seulement, pas mieux, pas certainement. Un cinquantenaire
un peu mal foutu (dans tous les sens de l'expression) est le héros
de ce récit déjanté mais pas foutraque, mêlant
allégrement la réalité (mais laquelle, ou lesquelles
?) aux fantasmes, aux rêves, aux cauchemars, sans que l'on
puisse toujours faire la distinction entre les registres. C'est
tout de même son point de vue qui guide le spectateur dans
les méandres de sa supposée folie. Là, c'est
plutôt réussi : le personnage est lunatique, passant
d'un grand abattement à un enthousiasme presque hystérique
en passant par l'hébétude face à la prévention
très envahissante de ses proches, et la mise en scène
est à l'aune de cette énergie disparate, survoltée
ou totalement statique. Laurent Poitrenaux est en roue libre, osant
tout, ne cherchant pas toujours à rendre crédible
son personnage, mais lui donnant d'un bout à l'autre une
originalité inédite. C'est un peu théâtral,
pas très émouvant parce que trop barré, parfois
légèrement ennuyeux à cause de redites et de
manques d'ellipses, parfois poétiquement drôle, parfois
drôlement gênant... C'est assurément un film
comme il n'est pas souvent donné d'en voir, peut-être
pas tout à fait un film, d'ailleurs (d'ailleurs, oui, et
de loin), plus un objet filmique un peu expérimental qui
ne provoque pas de francs éclats de rire collectifs, mais
qui fait esquisser quelques sourires réjouis parce que le
refus des conventions fait du bien, surtout par les temps qui courent
(trop vite).