La musique est formidable, les
dessins sont magnifiques (et font beaucoup penser à ceux de
Loustal) et l’idée de faire de ce lieu et de cette époque
(Cuba à la fin des années 40) un espace de rêve
sans en faire une reconstitution en studio avec décors et costumes
tout neufs semblait a priori une source de plaisir. Il n’y a
rien à reprocher à l’aspect musical, les morceaux
écrits pour le film comme les standards sont impeccables, les
voix sont elles aussi au diapason, on peut sans doute se procurer
la bande originale et l’écouter avec un bonheur garanti.
Les dessins sont eux aussi très bien, ayant leur propre caractère,
assez simples tout en gardant un certain réalisme.
Malheureusement, l’animation en elle-même n’a rien
de fluide, les mouvements sont hachés, que ce soit en plan
large ou dans les détails, les scènes dansées
ou celles qui montrent les musiciens en train de jouer en deviennent
presque pénibles, les images paraissent en distorsion avec
ce qu’on entend…
Le contexte historique se prête à toutes sortes de clichés,
sur les musiciens, les producteurs, les relations amoureuses, l’histoire
cubaine juste avant la Révolution… et le film les enfile
l’un après l’autre, consciencieusement, presque
laborieusement. Tous les prétendus tournants de l’histoire
sont attendus, sans aucune surprise. Le film serait destiné
aux enfants, on pourrait presque l’admettre, ou au moins le
comprendre. Mais le public visé est clairement adulte, on regrette
alors tant de simplisme dans le scénario.