Chère Léa

Il y a certes quelque chose d'un peu artificiel dans le dispositif installé par Jérôme Bonnell, ce café presque trop beau et chaleureux pour être vrai, cette rue parisienne qui lorgne du côté d'Amélie Poulain, cette longue lettre qui fait le trait d'union entre deux êtres qui n'étaient pas destinés à se rencontrer, à se parler… Certes. Mais le trait est vraiment très joli, les personnages ont de la grâce, de la mélancolie et de l'énergie et l'on ne sait jamais vraiment où tout cela va nous mener. On frôle le drame, mais aussi la comédie de boulevard, et le film n'est ni l'un, ni l'autre. Juste un instant dans la vie d'une poignée de quelques parisiens un peu déboussolés, rattrapés par la réalité puis s'échappant au pays des illusions, dansant avec les déceptions. Une sorte de petit régal un peu littéraire, un petit quelque chose de Rohmer ou de Marivaux ou à l'opposé, de Klapisch ou de Truffaut. Ou rien de tout ça, un Jérôme Bonnell, ou l'art de faire sourire et verser quelques larmes, avec rien ou presque rien.