Les châteaux de sable **

Olivier Jahan

L'histoire

Éléonore vient de perdre son père. Celui-ci lui a légué sa maison en Bretagne, qu'elle doit absolument vendre. Elle demande alors à Samuel, son ancien compagnon, de l'y accompagner.


Avec

Emma de Caunes, Yannick Renier, Jeanne Rosa, Alain Chamfort, Christine Brucher, Gaëlle Bona

Sorti

le 1er avril 2015


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

La maison des émotions

 

Il est des films qui vous cueillent par surprise, peut-être parce qu'ils viennent au bon moment, peut-être à cause de la saison, ou de la lumière extérieure ou de l'état de votre âme à ce moment précis, là, où vous entrez dans la salle obscure.
Pourquoi la vision de ces trois personnages m'a-t-elle autant bouleversé ? Il est question, dans le récit, d'une maison qu'il faut vendre, celle du père mort. Pas une maison de famille, juste un endroit où il est allé s'installer parce qu'il aimait la Bretagne. Un endroit trop grand pour lui, mais où sa fille, celle qui vend maintenant, est venue parfois et y a quelques souvenirs.
Se séparer d'une maison évoque pour moi quelques douleurs, et même si le contexte du film n'a rien à voir avec mon histoire personnelle, il y a forcément quelques correspondances, des occasions de s'identifier dans tel ou tel personnage. Mais de là à se retrouver submergé à ce point…
La mise en scène n'a rien de tiède, et malgré un univers intimiste très "comédie dramatique française", le réalisateur a des partis pris forts qu'il tient jusqu'au bout, le jeu avec les voix off, la façon dont les acteurs s'adressent parfois à la caméra, donnant à la fois une grande proximité et un aspect fabriqué, antinaturaliste mais tellement signifiant…
On sent de la douceur, de la tendresse, des non-dits douloureux, de la sérénité fragile et puis parfois des équilibres rompus, des éclats de voix, des éclairs, une tempête… les trois interprètes n'y sont pas pour rien, mais les choix de cadrage, d'éclairage des visages, de rythme à l'intérieur des scènes et des transitions démontrent un style, une patte, le film a du caractère, il y a même quelques faiblesses, quelques ratés qui ne nuisent pas à l'ensemble mais le rendent encore plus humain. Yannick Renier et Emma de Caunes sont formidables, inventifs, spontanés… Mais de façon étonnante, l'émotion vient le plus souvent de Jeanne Rosa, qui joue une agente immobilière ordinaire en apparence, un peu moins lorsque l'on creuse… mais n'est-ce pas le cas de tout être humain ? Finalement, la réussite du film est peut-être là, dans les creux des personnages, dans leurs petites rides, dans leurs petites blessures, dans la façon dont sont esquissées leurs personnalités, avec finesse et énormément de sensibilité.

 

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