Ce qui frappe en premier lieu,
c’est le soin apporté au décor : l’univers
de ce long métrage d’animation est tout à fait
particulier, à l’opposé de l’ordinaire un
peu fade proposé aux enfants : un monde en décomposition,
des morceaux de territoires flottants dont certains s’envolent
en s’éparpillant, comme des graines de fleurs au printemps
: c’est à la fois poétique et inquiétant,
très beau et mélancolique. Les personnages évoluant
dans cet univers, même s’ils répondent au cahier
des charges des films pour jeune public, ne sont pas pour autant des
héros positifs, sans peur et sans reproche : ils traînent
avec eux leur lot d’échecs et de fatalité, qui
les rendent vulnérables et touchants. L’histoire est
plus classique, avec l’éternelle quête impossible,
dont ils sortiront bien sûr vainqueurs, encore plus unis grâce
à l’adversité…
Mais l’ensemble garde son originalité, avec une animation
fluide sans mièvrerie, des monstres furieusement créatifs
(en particulier celui formé d’une nuée d’insectes),
un récit d’une grande clarté intégrant
pourtant des éléments complexes. On pense à une
foule de références, à chercher autant du côté
de l’animation que la bande dessinée, mais ces influences
semblent bien maîtrisées, le film a sa créativité
propre. A voir en famille, les adultes prenant autant de plaisir que
les enfants.
