Chante ton bac d'abord *

David André

L'histoire

L’histoire d’une bande de copains de Boulogne-sur-Mer, une ville durement touchée par la crise. Un an entre rêves et désillusion, avant de passer le bac. Imaginées par ces adolescents issus du monde ouvrier ou de la classe moyenne, des chansons font basculer le réel dans la poésie, le rire et l’émotion.

Documentaire

Sorti

le 22 octobre 2014


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

La douleur douce de nos dix-sept ans

 

"On n'est pas sérieux quand on a dix sept ans..." Arthur Rimbaud, cité dans le film, énonce une vérité évidente mais qui mérite d'être rappelée aux parents qui voudraient que leurs enfants pensent à leur avenir. Ne pas être sérieux ne veut pas dire qu'ils n'y pensent pas, à leur avenir, mais si à cet âge-là, ils n'ont pas de rêves, pas d'insouciance, pas de petites folies, la vie toute entière risque de leur paraître bien terne. Les cinq jeunes que le réalisateur a suivi pendant l'année scolaire qui précède leur bac ont tous ce manque de sérieux, chacun à leur façon. Ils sont cinq à se voir souvent, certains plus régulièrement que d'autres, certains se côtoient depuis longtemps, d'autres un peu moins. Ils se racontent, avec pudeur mais semble-t-il avec sincérité. Leurs doutes, leurs désirs d'épanouissement, leurs peurs face à l'âge adulte qui les attend, tout sonne juste, on s'y retrouve, et même si nos dix-sept ans sont loin et que le monde a changé, ces cinq-là ont quelque chose d'universel, parce qu'ils ont chacun leur singularité et donc beaucoup de crédibilité. Et se voir en eux peut se révéler sacrément émouvant. Car beaucoup de choses de leur vie future se jouent là, en ces instants où il faut choisir, où il ne faut pas se tromper (ou bien justement, le contraire, pouvoir se tromper pour être bien sûr que le chemin, son propre chemin n'est pas celui que l'on croyait, ou celui que les autres vous traçaient sans vraiment vous demander votre avis).
Les parents ne sont pas écartés, et c'est une des forces du film, ils ne sont pas montrés comme des obstacles aux rêves de leurs enfants. Des garde-fous, peut-être, mais surtout des adultes qui se souviennent de ce qu'ils étaient à cet âge-là, parfois maladroits, parfois à côté de la plaque, mais conscients de la difficulté de ce passage.
Les passages chantés glissent tout seuls, on ne peut pas être certain qu'ils soient indispensables, mais ils provoquent une certaine distance, comme une légèreté bienvenue lorsque ce qui est dit peut sembler un peu lourd ou bien au contraire comme un voile de mélancolie ou d'incertitude sur des mots qui paraîtraient trop affirmatifs.
C'est donc un documentaire qui prend parfois l'aspect d'un film de Jacques Demy, d'autant plus que cela se passe à Boulogne, ville portuaire… C'est donc un documentaire qui peut vous serrer la gorge bien plus qu'une fiction… C'est donc un documentaire qui prend son temps, qui musarde, plein de charme et d'originalité.

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