Les films de
sous-marins, ça pourrait ressembler aux films d’avions,
un endroit confiné d’où l’on sort difficilement
en cas de pépin... Sauf que l’avion, on sait tous à
quoi ça ressemble. Même si c’est pas donné
et pas du tout écologique, on l’a tous pris au moins
une fois. Ou presque tous. Le sous-marin, c’est plus rare.
Le type qui vous dit : je suis allé en Corse cet été,
vous lui demandez poliment : en bateau ou en avion ? Et s’il
vous répond : en sous-marin, ça vous troue le c...,
comme diraient quelques uns de mes amis.
Donc le sous-marin, c’est d’abord un monde très
étrange, aveugle, étriqué, mais où la
solidarité et la discipline doivent être au premier
plan. C’est tout à fait propice à des histoires
héroïques, extraordinaires. Les Américains savent
y faire (avec un bon scénario), les Français c’est
plus risqué... le pari était osé, il est tenu,
le film est tendu, terriblement prenant même si on ne comprend
pas tout ce qui se passe à l’intérieur des submersibles,
et d’ailleurs c’est un parti pris assumé, la
volonté n’était pas de rendre ce monde hermétique
aussi clair et lumineux que les yeux de Paula Beer. Les militaires
travaillant dans cet univers ont un drôle de langage, technique
et parfois (presque) poétique, le réalisateur a tenu
à ce que ce langage soit utilisé. On est donc parfois
pris dans un tourbillon d’actions et d’échanges
ultra rapides dont on comprend juste qu’ils sont vitaux, ni
plus, ni moins, et c’est bien là l’essentiel.
Omar Sy à contre emploi, Reda Kateb, François Civil
et Mathieu Kassovitz sont parfaits, impliqués, crédibles.
C’est un film de genre français réussi et c’est
donc une surprise, ça se permet même de distiller quelques
gouttes d’humour bienvenues.