Cette chronique d'un départ
annoncé avait beaucoup d'atouts, à commencer par son
titre, poétique et musical. La réalisatrice, chinoise,
filme dans les grands espaces habituellement dévolus au western.
Elle a passé quatre ans dans une réserve indienne,
s'imprégnant de la culture de ses habitants. Et en effet,
le film semble bien documenté, ce qui est montré de
la vie quotidienne des Indiens sonne juste, beaucoup des acteurs
ne sont pas professionnels, certaines scènes, particulièrement
au début, pourraient faire partie d'un documentaire.
Cependant, même si les personnages sont attachants, le récit
manque cruellement de corps. Plus que d'un départ, c'est
l'attente de ce départ qui est racontée, avec assez
peu d'évènements, et lorsqu'il y en a, ils sont à
peine exposés. La réalisatrice reste comme en retrait
par rapport à son histoire, insistant sur tous les petits
détails, révélant plus les creux que les bosses,
multipliant les silences (on n'entend la voix de la jeune fille
que très tardivement, elle surprend parce qu'elle est plus
juvénile que ce qu'on pouvait croire). On sent qu'au montage,
des scènes de coupe et de signification des lieux ont été
rajoutées (assez grossièrement, on se croirait alors
dans Dallas), pour rendre le récit plus palpable mais peine
perdue, l'intérêt pour le destin des personnages ne
prend pas, la scène de l'hésitation (partira ? partira
pas ?) n'est pas mal fabriquée mais elle n'éveille
pas d'émotions. Le choix est crucial pour le personnage,
intéressant sans plus pour le spectateur. Les trois dernières
minutes, qui montrent l'après de la décision, ont
du rythme, du souffle, des émotions traversent l'écran,
bien aidées par une voix off enfin prenante. Mais au bout
du compte, le film semble durer trois heures, alors qu'il n'en fait
que la moitié…