Ceux venus pour admirer Bouli
Lanners faire l’andouille à grand renfort d’accent
belge en seront pour leurs frais. C’est un autre acteur qu’il
nous est donné de voir, composant un personnage défait,
brisé par une séparation qu’il subit, parfois
en résistance, parfois avec résignation, puis en reconstruction...
la palette des sentiments est complexe, toujours en mouvement, contrastée,
en évolution inconstante, terriblement humaine, en somme.
Marco (c’est le nom du personnage) tente de comprendre ce
qui lui arrive, participe à un projet théâtral,
pique une gueulante à son boulot, une vraie belle gueulante,
un ras-le-bol infini face aux errances de ce monde, et puis surtout,
Marco aime ses filles et fait tout ce qu’il peut pour qu’elles
aillent bien et aussi pour qu’elles l’aiment, il s’y
prend mal peut-être, mais il essaye, il dit qu’il n’y
arrive pas mais il essaye quand même... les deux filles ne
sont pas des gamines, ce sont des ados pleines de ressources, de
fragilités aussi, elles vivent dans un entre-deux pas facile,
entre l’enfance et l’âge adulte, entre le père
et la mère, entre le désir et l’amour pour ceux
et celles qu’elles rencontrent... Bouli Lanners est formidable
dans son rôle à contre-emploi, mais les deux filles
sont elles aussi criantes de vérité, parce que singulières,
dotées toutes les deux d’un sacré caractère.
Le récit tourne autour de ces trois-là, le père
et les deux filles, va voir un peu du côté de la mère,
et ce petit monde nous touche, avec leurs fêlures, leurs folies
douces, leurs coups de blues. C’est ça la vie.