Ce sentiment de l’été **

Mikhaël Hers

L'histoire

Au milieu de l'été, une jeune femme décède soudainement. Alors qu'ils se connaissent peu, son compagnon et sa sœur se rapprochent. Ils partagent comme ils peuvent la peine et le poids de l'absence, entre Berlin, Paris et New York.

Avec

Anders Danielsen Lie, Judith Chemla, Marie Rivière, Féodor Atkine, Dounia Sichov, Stéphanie Déhel, Thibault Vinçon

Sorti

le 17 février 2016


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Dentelle

 

Ce qu'il peut se passer parfois, face à un écran…Un tel sentiment d'osmose avec ce qui est exprimé, là, pendant un peu plus d'une heure et demie…
Le souci, ensuite, c'est l'atterrissage, pouvoir rendre compte de cette émotion, sans être envahi.
Formellement, c'est un film délicat, finalement peu bavard, où beaucoup de ce qui est dit passe par des regards, des attentes, des phrases non finies, des gens qui marchent dans des villes, des musiques légères et mélancoliques, presque rien, des creux, des vides. Le jeu des comédiens n'est pas très appuyé, celui d'Anders Danielsen Lie atteint parfois un tel minimalisme qu'il pourrait paraître à certains un peu ennuyeux… mais celui de Judith Chemla est renversant, elle montre tant de fragilité, elle est sans cesse en équilibre entre d'un côté le désir de continuer à vivre, une joie non feinte, une recherche du plaisir, un rapport avec les autres qui ne peut que l'enrichir, et d'un autre côté une nostalgie des jours anciens, l'écroulement derrière le sourire, le doute induit dans tout ce qu'elle fait, dans tout ce qu'elle dit.
C'est un cinéma sans effets, avec un montage qui ne va pas chercher les contrastes à tout prix, un cadrage pudique qui n'étale pas sur l'écran des visages ravagés, des éclairages naturels, un grain de l'image un peu gros… Les trois villes sont clairement définies, Berlin dans ses grands espaces, Paris dans sa soif de liberté, New York dans son effervescence, mais toutes les trois ont en commun une certaine douceur, due bien sûr à la chaleur de l'été (une chaleur bienfaitrice, sans impression d'étouffement) mais aussi à la façon de privilégier les scènes dans les parcs, les espaces urbains n'ont ainsi aucune agressivité et l'on a le sentiment de redécouvrir ces villes même lorsqu'on ne les connaît qu'au travers du cinéma.
Cet été qu'on dirait permanent (en réalité trois étés de suite, dans chacune des villes) donne au film une langueur certaine, un rythme doux, la sensation que tout est possible. Les robes sont légères, les fêtes se prolongent dehors, le désir n'est jamais très loin. Et pourtant, sous cette apparente nonchalance, rampe une douleur infinie, celle de la disparition, de la perte inéluctable. Mikhaël Hers, le réalisateur, affirme que c'est en été que l'on ressent avec le plus d'acuité le manque de ceux qui ne sont plus là. Peut-être a-t-il raison, peut-être pas, peu importe, il se trouve que dans son film, il donne corps à cette idée avec une évidence d'une telle délicatesse qu'on ne peut qu'adhérer.
Si les premières images, sans dialogues, vous emportent, si le sentiment de l'absence ne vous quitte jamais complètement, si l'intensité d'un regard ou quelques mots suffisent pour vous émouvoir, alors cette œuvre de dentelles est pour vous.

Vos commentaires pour ce film

Je me suis profondément ennuyé.
Un scénario Rohmérien (en moins bavard), mais qui ne m’a jamais touché.
Et pour parachever le tout, une musique insupportable.
Vous pouvez éviter.


Kosmo, le 2 mars 2016

 

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