Un documentaire
sur une pièce de théâtre montée en prison,
vue par les frères Taviani… formidable ! Une sorte de
"rêves dansants", mais dans un tout autre cadre, avec
des caractères probablement forts, jouant une histoire de meurtre
(la pièce choisie est César, de Shakespeare), où
il est question d'honneur, de trahison, d'engagement, d'amitié…
La confrontation entre la réalité carcérale et
les problématiques développées dans la pièce
ne peut être que diablement intéressante…
La déception est à la hauteur des attentes. De documentaire,
point. Toutes les scènes entre les prisonniers (et même
les gardiens) lorsqu'ils ne jouent pas leurs rôles de théâtre,
lorsqu'ils sont donc eux-mêmes, sont elles aussi écrites
et données comme si c'était une autre pièce.
L'ensemble s'apparente donc à une œuvre théâtrale
où les personnages seraient des prisonniers et joueraient une
pièce de Shakespeare.
On imagine ce qui a attiré les frères Taviani dans ce
dispositif : l'envie de créer quelque chose de différent,
le désir de rompre avec le documentaire classique sur le montage
d'un spectacle, le refus de faire un making of de plus… Mais
les scènes où les prisonniers jouent leurs propres rôles
sont catastrophiques, schématiques à l'extrême,
absolument pas crédibles (c'est normal, elles sont clairement
interprétées comme des scènes de théâtre).
Elles ne sont d'ailleurs pas nombreuses, comme si les réalisateurs
s'étaient rendus compte qu'elles ne fonctionnaient pas. Du
coup, on n'apprend à peu près rien sur les personnages,
leurs rapports entre eux au sein de la prison, leurs espoirs, leur
quotidien… Il reste les mots de Shakespeare (en Italien, ou
dans de multiples dialectes italiens ?) et il faut bien dire que les
"acteurs" ne sont pas formidables. Certains ont une présence,
une "gueule", une voix, mais dans l'ensemble, on a déjà
vu cette pièce bien mieux jouée, avec beaucoup plus
de finesse ou de force.
L'ennui s'installe assez vite, dès qu'on a compris que la fausse
bonne idée du parti pris de jeu continuel n'évoluera
pas. Dommage !