Après plusieurs années
de disette, on avait retrouvé en 2007, dans "Roman
de gare" un Lelouch comme rajeuni, presque ludique, et inspiré
par sa nouvelle égérie Audrey Dana. Ce dernier opus
avait tout pour inspirer la crainte, un retour à ces bons vieux
démons, les histoires d’amour brassées par la
grande Histoire, et plus précisément celle qui le fait
le plus fantasmer, la deuxième guerre mondiale. Le film, et
c’est une surprise finalement, se défend tout à
fait. Bien sûr, il ressemble à un catalogue presque exhaustif
des qualités et défauts du maître de la caméra
tournoyante. Dialogues qui paraissent improvisés (et donc totalement
crédibles et émouvants), scènes emphatiques d’un
romantisme échevelé et vous arrachant les larmes, scénario
faisant intervenir le destin et le hasard s’entendant comme
deux bons vieux amis… mais aussi des excès de fatalisme,
une musique envahissante, beaucoup de facilités dans les auto-citations
(et dans les citations tout court aussi)…
On se laisse donc emporter parfois, et puis, en plein milieu d’une
émotion irrépressible, on se dit, non, c’est trop,
on ne frôle pas le ridicule, on est en plein dedans. Et puis
l’instant d’après, l’enthousiasme émotionnel
nous reprend.
Au final, c’est un Lelouch pur jus, un bon cru à savourer
immédiatement, il est fort possible qu’il ne vieillisse
pas très bien. Audrey Dana, depuis "Roman de gare",
a un peu perdu de sa fraîcheur de jeu et pris quelques tics
"lelouchiens", elle exaspère parfois et, comme l’ensemble
du film, elle éblouit aussi lors de quelques scènes
plus retenues ou au contraire complètement paroxystiques.
On attend le prochain Lelouch avec un espoir retrouvé, et c’est
bien la meilleure nouvelle de "ces amours-là".