Cette histoire d’adultère,
cet ennui léger qui mène dans les bras d’un autre,
d’une autre, cette histoire on l’a déjà
vue, entendue, lue, des centaines de fois. Ce n’est sans doute
pas uniquement cela qui fait tourner le monde mais ça y contribue
largement…D’où vient alors, et dès le début
du film, cette impression de relative nouveauté, quelque chose
de profondément sincère, une envie d’ancrer cette
situation ultra-connue dans un contexte social crédible, sans
recherche de glamour, sans romantisme sentimental… La rencontre
est banale, pas de coup de foudre dans un ralenti vaporeux, juste
une attirance, des regards gênés en forme d’aveux
; puis l’histoire d’amour qui se heurte aux convenances.
C’est, non pas une passion interdite (l’adultère
n’est plus exactement un scandale…), mais plutôt
une liaison amoureuse en apparence ordinaire et qui, comme toute relation,
se révèle déstabilisante, envahissante, pouvant
aller jusqu’à la destruction. Le jeu d’Alba Rohrwacher,
l’actrice principale, est un des atouts majeurs pour la réussite
du film, pas tout à fait belle comme dans les magazines, elle
n’est pas plus jeune ou plus attirante que l’épouse
trompée ; elle ne joue pas la femme fatale, ni la séductrice,
elle est simplement comme tout le monde : elle cherche à être
heureuse, elle a peur de se tromper, elle hésite, revient sur
ses décisions, ne réfléchit pas puis se retrouve
en plein doute… la vie, en somme.
C’est probablement cette sincérité qui séduit,
qui fait que malgré le manque d’innovation du scénario,
l’histoire semble pouvoir toucher le plus grand nombre. Et puis,
sans effets, sans verser dans la contemplation ni l’emphase,
le film parvient à magnifier les deux amants, leurs sentiments,
les corps, les regards.
Le seul regret vient de la fin, qui ne choisit pas vraiment, qui laisse
les personnages en suspens, sur des gestes ou des actions sans beaucoup
de sens.