Loin du Paradis, deuxième
? Dans ce nouveau film de Todd Haynes, ce ne sont pas les mêmes
personnages, pas les mêmes histoires, mais il y a cependant
beaucoup de similitudes dans les ambiances, les situations, les
rapports entre les protagonistes, et même dans les enjeux
: il s'agit encore d'une relation impossible, dans une Amérique
pudibonde des années 50. L'image est magnifique, les éclairages,
les cadres, la photographie, tout est très étudié,
léché, parfait. Le jeu des sentiments se développe
inexorablement, le récit est fluide, c'est du cinéma
pommade qui fait du bien, on sait où l'on va, il n'y a pas
de véritable surprises : si on ne peut pas à proprement
parler de classicisme, il n'y a pas non plus d'audace dans la mise
en scène. Tout semble un peu lisse, contrôlé,
sans défauts. Cette beauté immaculée éblouit,
et peut même émouvoir, mais elle empêche aussi
trop souvent de se laisser totalement emporter. Du coup, l'interprétation
de Cate Blanchett semble un peu factice, comme ces fleurs artificielles
qui paraissent parfois plus belles que les vraies. Rooney Mara échappe
à cette impression de froideur, de distance, mais son personnage
est peut-être plus passionné que celui de sa partenaire.
Les hommes correspondent aux clichés de ce type d'histoire,
inattentifs, grossièrement amoureux, possessifs.
C'est un peu comme si le réalisateur s'était plus
intéressé aux aspects formels de son film qu'à
tous les sentiments que traversent ses personnages. Tout cela n'empêche
pas de passer un moment fort agréable, c'est un cinéma
de grande qualité…